PLUME DE POÉSIES
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 Robert Desnos. (1900-1945) VII. Révélation Du Monde.

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Robert Desnos. (1900-1945)  VII. Révélation Du Monde. Empty
MessageSujet: Robert Desnos. (1900-1945) VII. Révélation Du Monde.   Robert Desnos. (1900-1945)  VII. Révélation Du Monde. Icon_minitimeDim 28 Oct - 21:18

VII. Révélation Du Monde.

Vers le milieu de l’après-midi, Corsaire Sanglot se trouva (ou se retrouva) sur
un boulevard planté de platanes. Eût-il cheminé longtemps si son attention
n’avait été attirée par une femme nue reposant sur le trottoir. Jadis, sur cette
gorge, Louise Lame avait mis des baisers scandaleux à l’égard de la populace.
Puis des rues adjacentes les avaient attirées en sens contraires. Elles ne
s’étaient jamais revues. Quant à la présence de ce cadavre nu dans un quartier
qui devait être celui des Invalides ou celui de Monceau, à en juger par un dôme
doré émergeant des toits des immeubles modernes, nul n’aurait pu l’expliquer.
Tout autre que Corsaire Sanglot eût continué son chemin après une minute
d’hésitation, mais en prenant le ciel et les arbres et l’impassible macadam à
témoin que cette femme était adorable, en dépit de la rigidité cadavérique, il
eût senti germer en son coeur un sentiment étrange, celui que l’amour et la mort
seuls peuvent, quand ils se rencontrent, faire naître dans une âme respectable.
Paysage de l’émotion, région supérieure de l’amour où nous construisons des
tombeaux jamais occupés, lorsque la métamorphose physique finale est évoquée en
votre présence l’homme prend quelque noblesse.

Corsaire Sanglot n’eut pas besoin de suivre son chemin pour que les allées de
cyprès du songe solitaire connussent les semelles de son imagination.

Il avisa un immeuble de pierre meulière situé sur le trottoir apposé à celui de
la belle morte. Au balcon du second étage une enseigne, semblable par le style
et la matière (des lettres d’or sur fond noir) à celles des modistes, reflétait
un soleil nègre :
À LA MOLLE BERTHE

Corsaire Sanglot n’hésita pas. Il entra dans le couloir. La concierge, une belle
sirène, était en train de changer d’écailles, suivant la volonté de la saison.
C’étaient, dans la loge meublée d’une table, d’un buffet et d’un cartel Henri-
II, des tourbillons d’écailles vertes et blanches. Bientôt, la métamorphose fut
terminée et la sirène lissa une magnifique queue d’écailles blanches ressemblant
à de la laine. Mais le corsaire montait les étages avec rapidité.

La sirène dressa vers l’escalier sa main blanche et palmée :

« Prends garde, Corsaire Sanglot, pillard de méduses, ravageur d’astéries,
assassin des requins! On ne résiste pas impunément à mon regard. »

Arrivé au deuxième étage, le jeune homme sonna à la porte d’un appartement. Un
valet de haute taille, galonné et doré, vint lui ouvrir et l’introduisit dans un
vaste salon. Il prit place dans un fauteuil de cuir non loin d’une petite table
genre table de bridge. Les valets du club des Buveurs de Sperme s’empressèrent
autour de lui. Après avoir choisi un cru de choix, du sperme sénégalais année du
naufrage de La Méduse Corsaire Sanglot alluma une cigarette.

Le club des Buveurs de Sperme est une immense organisation. Des femmes payées
par lui masturbent par le monde les plus beaux hommes. Une brigade spéciale est
consacrée à la recherche de la liqueur féminine. Les amateurs goûtent fort
également certain mélange recueilli dans la vasque naturelle après d’admirables
assauts. Chaque récolte est enfermée dans une petite ampoule de cristal, de
verre ou d’argent, soigneusement étiquetée et, avec les plus grandes
précautions, expédiée à Paris. Les agents du club sont d’un dévouement à toute
épreuve. Certains ont trouvé la mort au cours d’entreprises périlleuses, mais
chacun poursuit sa tâche passionnément. Mieux, c’est à qui aura une idée
géniale. Celui-ci recueille le sperme du condamné guillotiné en France ou pendu
en Angleterre, ce qui donne à chacune de ces émissions et suivant la torture, le
goût du nénuphar ou celui de la noix. Celui-là assassine des jeunes filles et
remplit ses ampoules de la liqueur séminale que leurs amants laissent échapper
sous l’emprise d’une surprise douloureuse quand ils apprennent de sa bouche même
la terrible nouvelle. Cet autre, engagé dans un pensionnat d’Angleterre,
recueille la preuve de l’émoi d’une jeune pensionnaire quand, étant parvenue à
la puberté sans que les maîtresses s’en soient aperçues, elle doit, pour une
faute vénielle, recevoir, jupes retroussées et culotte basse, la fessée et les
verges en présence de ses compagnes et peut- être d’un collégien, amené là par
le hasard, dieu des joies amoureuses. Les fondateurs du club, derniers
occultistes, se sont réunis pour la première fois au début de la Restauration.
Et depuis lors, de pères en fils, l’association s’est perpétuée sous l’égide
double de l’amour et de la liberté. Certain poète a déploré jadis que la société
n’ait pas été fondée aux derniers jours de l’ère ancienne. On aurait pu de la
sorte recueillir et le sperme du Christ et celui de Judas puis, au cours des
siècles, celui de Charles Stuart d’Angleterre, celui de Ravaillac et les larmes
corporelles de Mlle de Lavallière sur la route de Chaillot au trot sensuel des
chevaux qui traînaient son carrosse et celles de Théroigne de Méricourt sur la
terrasse des Feuillants et les spermes admirables qui coulèrent aux années
rouges sur les estrades révolutionnaires aussi sûrement que le sang auquel ils
se mélangèrent. Un autre regretta toujours la perte du divin breuvage que dut
être le Malvoisie dans lequel un duc de Clarence fut noyé.

Les membres du club aiment la mer. L’odeur phosphorée qui s’en dégage les grise
et, parmi les débris des grèves, épaves de navires, arêtes de poissons,
reliquats de villes submergées, ils retrouvent l’atmosphère de l’amour et ce
halètement qui, à la même heure, témoigne à notre oreille de l’existence réelle
d’un imaginaire, pêle-mêle avec le crissement particulier du varech qui se
dessèche, les émanations de ce magnifique aphrodisiaque l’ambre marine, et le
clapotis des vagues blanches contre le sexe et les cuisses des baigneuses au
moment précis où, atteignant enfin leur ceinture, elles plaquent le maillot
contre la chair. Depuis combien de temps Sanglot buvait-il? La nuit tomba! Un
nombre considérable d’ampoules brisées gisait à ses pieds à l’apparition de la
première étoile, depuis celle en verre blanc du Sénégalais jusqu’à celle jaune
des Esquimaux dont l’essence ne supporte pas la lumière du jour, habitués qu’ils
sont à n’aimer que durant les six mois de ténèbres polaires. Pareil à l’ombrelle
qui, par la fantaisie déployée, protège tout à coup une belle nageuse seule
survivante de la catastrophe au moment où, sous le soleil, elle va succomber à
l’insolation avant d’atteindre une terre secourable, le Bébé Cadum érigé sur la
maison d’en face frappa le regard du buveur.

-Imaginez, Monsieur, lui dit son voisin, la stupeur de la jeune fille, liée par
surprise et déshabillée, devant qui des hommes et des femmes nus prennent des
attitudes frappantes, cependant qu’un bel indigène des îles de la Sonde la
caresse au plus secret d’elle-même en tenant au-dessous d’elle une coupe à
champagne. Cette stupeur a donné à ce liquide la saveur du pin maritime qui le
caractérise.

-Pour ma part, je préfère, dit un autre consommateur, le sperme mâle au sperme
femelle.

Ici une curieuse conversation sous l’influence du sperme.

-Femme Sperle?

-Plutôt semelle.

-Semelle? Semaine? le temps et l’espace. Tout rapport entre eux est celui de la
haine et des ailes.

-L’oseille est en effet un mets de choix, un mets de roi.

-Mois, déchet.

-Mot à mot, tome à tome, motte à motte, ainsi va la vie.

-Enfin voici que l’heure sonne.

-Que soeur l’aune.

-La soeur de qui? demanda Corsaire Sanglot.

-Le coeur décis, décor ce lit.

-Feux intellectuels vulgaires.

-À l’heure actuelle, un ministre s’engouffre dans un corridor d’air et de
tempête. Sa Légion d’honneur voltige un instant comme une hirondelle et s’abat.
Un deuxième, un troisième ministre le suivent. Autant de poissons rouges dans un
aquarium séduisent une coccinelle et cela fait une curieuse tragédie que le
désespoir de ces animaux, faits pour s’aimer et qui, séparés par une paroi de
verre, tournent en sens contraire.

Un arrivant. -Imaginez, Messieurs, l’émoi d’une femme robuste et fière et
hautaine, d’assez grande taille, réduite à l’impuissance et qu’un jeune homme
sodomise avec précaution, sans l’avoir complètement déshabillée. Les jupons et
la jupe font bourrelet entre le ventre et la croupe. Le pantalon descendu aux
genoux, les bas de soie plissés constituent un désordre adorable. Par-devant,
les vêtements tombent presque normalement. Là où ils commencent à se relever on
distingue un peu de chair blanche et, dans la pénombre du linge chiffonné, on
devine le profil des fesses. Le jeune homme, après avoir lubrifié la chair
ferme, écarte les deux fesses. Il pénètre lentement avec tendresse et
régularité. Un émoi nouveau tourmente la patiente, une humidité révélatrice du
plaisir apparaît. Avec une cuillère d’argent, une petite fille recueille
délicatement ces larmes sacrées et les dépose dans un petit pot de grès rouge,
puis, s’introduisant, grâce à sa faible taille, presque entièrement sous les
jambes du couple, elle ne laisse perdre rien de la semence qui mousse autour du
membre qui s’agite. Quand l’amour, tango superbe, est devenu une tempête de cris
et de sanglots, elle recueille au bord de l’ourlet une neige tiède et odorante ;
quand l’orifice est bien net, elle y applique sa bouche, minuscule et rouge
ventouse. Elle aspire longuement, mélange intimement à sa salive et le pot de
grès reçoit encore cette mixture. Pour terminer, la femme agenouillée laisse
l’enfant recueillir ses larmes de honte, de colère, de joie, de fatigue.


« Ainsi avons-nous voulu que fût pressée la grappe merveilleuse. Aucune
idolâtrie n’entre en notre passion. Hâtez-vous de rire, religieux déifages,
francs-maçons idiots. Un instant notre imagination trouve en ce festin une
raison de s’élever plus haut que les neiges éternelles. À peine la saveur
merveilleuse a-t- elle pénétré notre palais, à peine nos sens sont-ils émus
qu’une image tyrannique se substitue à celle de l’ascension amoureuse : celle
d’une route interminable et monotone, d’une cigarette immense qui dégage un
brouillard où s’estompent les villes, celle de vingt mains tendant vingt
cigarettes différentes, celle d’une bouche charnue. »

Et le Corsaire Sanglot s’écria :

« Je pense aux mystères impérieux du langage. Le mot hafnaf qui figure dans la
Chanson du dékioukoutage et signifie « cul », vient de la locution anglaise half
and half qui, littéralement, signifie moitié et moitié. Le mot Présent a pour
superlatif Président : celui qui est et qui est au-dessus des autres. Le mot
ridicule est une déformation de ride-cul, déformation facile à expliquer quand
on aura constaté qu’en riant on ouvre la bouche, d’où excès de peau qui se
traduit par de petits plissements à l’orifice opposé. Il est donc logique que le
ridicule provoque le rire. »

Ce discours éveilla le silence dans l’esprit des membres du club des Buveurs de
Sperme. Le Bébé Cadum toussa longuement sur le toit de la maison d’en face et, à
ce moment précis, quatre ombres se glissèrent jusqu’au cadavre de femme nue
gisant sur le trottoir, le soulevèrent sur leurs épaules et disparurent. À la
même heure, dans un hôtel meublé, deux femmes, agents du club, masturbaient
soigneusement, sous menace de revolvers, deux jeunes hommes ahuris en qui
naissait l’amour.

Un homme brun et rêveur rompit le respectable silence où se complaisaient les
buveurs.

« Qu’on imagine l’amour sous telle, telle ou telle forme, je me refuse à le
séparer d’un sentiment d’angoisse et d’horreur sacrées. Quand je connus Marie,
dactylographe de seize ans, de grandes ailes pourpres battaient sans cesse à mes
oreilles. Il n’était pas de minute où, malgré les contingences, des sentiers
neufs et luisants ne reflétassent à l’infini mon visage lyrique et transfiguré.
Je l’embrassai un jour, à la faveur d’un couloir, tandis que le patron, un
commerçant laid, rogue et barbu, la réclamait à grands cris dans l’officine où
sa vigilance têtue conservait la poussière séculaire amassée par trois
générations mercantiles et crasseuses. Le prestige de la poésie où je vivais me
rendait-il beau? encore que je n’aie jamais cru à ma laideur, mais la tendre,
blonde et timide Marie reçut mon baiser en rougissant. Ainsi en fut-il de même
plusieurs fois durant les semaines qui suivirent. Un instant suffisait pour que,
tombé à ses genoux, entre deux piles de livres comptables, je lui fisse des
déclarations enflammées, ridicules et touchantes comme celles des personnages de
certains romans. Mon âme ne participait point à ces jeux. L’appréhension des
déchirements amoureux me gagnait et tandis que Marie se laissait envahir par
l’ivresse de sa première aventure, j’écoutais religieusement en moi-même une
voix questionneuse qui me mettait en présence de problèmes métaphysiques et
peuplait mon insomnie de préoccupations terribles où la sentimentalité, ressort
principal de mon antagoniste, ne tenait aucune place. Le gazon roulait en pente
douce vers un précipice. Chaque jour je décidais de ne pas renouveler le stupide
et stérile manège. Chaque jour le visage enfantin, le regard clair exprimaient
une telle désillusion quand, malgré l’heure tardive, je n’avais fait aucune des
démonstrations habituelles que, pris entre deux paradis, celui de l’amour
qu’elle avait pour moi, celui d’une certaine noblesse à lui ménager la douleur,
je me précipitais de nouveau aux genoux de la fillette. Un jour d’été, vers
midi, alors que je voyais par la fenêtre le soleil dorer un bâtisse
administrative, que je m’exaltais à ses genoux et qu’elle rêvait, ma main
souleva les jupes. J’aperçus 1e pantalon de petite fille bien sage. Il était
fendu, un peu de chair à peine ombragée paraissait. Son visage n’exprima nulle
indignation, mais la stupeur du miracle. Avec une force insoupçonnée elle
rabattit ses jupes et je ne pus que saisir à pleines mains ses fesses, à travers
le pantalon. Elle frémit et se dégagea.

Je n’en fis jamais davantage jusqu’à mon départ de cette maison où les escargots
traînaient sur le papier tricolore de la comptabilité en partie double.

Je me félicitai de cette séparation brutale qui mettait fin à une pénible
situation. Je ne l’aimais vraiment pas en particulier, je l’aimais en général.
Ma tendresse pour elle était grande et l’idée de sa douleur me donnait une
inconcevable souffrance.

À quelques mois de là, je la rencontrai. De loin je la vis venir longtemps avant
qu’elle ne me remarquât. Je pensai me cacher mais une force impérative me
retint. À quelques mètres de distance, nos regards se croisèrent. Le visage
inoubliable et songeur s’illumina. Une surprise angélique, une joie profonde
affleurèrent à sa peau. Elle vint vers moi et, sans mot dire, nous descendîmes
vers la Seine par une rue triste aux balcons chargés d’enseignes dorées. Arrivés
non loin de Notre-Dame, au square de l’Archevêché, nous nous arrêtâmes. Elle
écouta les explications insuffisantes que je lui donnai de mon silence et, de
nouveau, j’obéis à la prière de ses yeux et l’embrassai.

Je la revis plusieurs fois vers une heure de l’après-midi, dans ce jardin
tranquille, sans jamais réaliser mes velléités d’absence définitive. J’étais
toujours ramené vers elle. Parfois, je restais huit à dix jours sans venir.
Elle, patiemment, venait chaque jour à la même heure, par pluie ou soleil,
attendre mon retour. Il se produisait en effet. Les mensonges et les baisers à
la bouche, je revenais...

Certain jour, avant de la rejoindre, je déboutonnai mon pantalon sous le
pardessus. Notre baiser me donna une angoisse exquise.

-Marie, lui dis-je, regardez-moi.

Elle obéit. Le square était désert.

-Mon pardessus est boutonné. Mais en dessous il y a quelque chose. Déboutonnez
mon pardessus

-Non. Pour quoi faire?

-Réfléchissez que je ne vous verrai plus.

Des larmes vinrent à ses yeux.

-Déboutonnez.

-Non, dit-elle, je vous en prie.

-Petite fille, que craignez-vous? Il faudra bien qu’un jour...

Elle hésita encore, puis se décida et, les yeux baissés, défit les trois
boutons.

-Regardez, Marie.

Mais elle fixait obstinément le regard à terre.

-Regardez.

Un sourire puéril errait sur ses lèvres. Elle regarda rapidement.

J’insistai encore, à plusieurs reprises et, à chaque fois, tandis que le rouge
la rendait plus charmante, elle jeta de furtifs coups d’oeil.

Chaque jour la tentation me reprit. Je l’amenai successivement à déboutonner la
braguette, à dénuder la chair qui palpitait.

Nous nous rencontrâmes alors dans l’église Saint-Julien-le-Pauvre, sous prétexte
de visites au Patis de Dante et là, devant la statue de M. de Montyon, elle
m’embrassa sur la bouche en m’étreignant de sa petite main. Devant elle, je me
masturbai ; je la contraignis à accomplir l’affolante manoeuvre. Ses grands
yeux, sa chevelure blonde, son costume enfantin me troublaient. Elle
accomplissait mes ordres à regret, avec tristesse, mais avec la joie de me
satisfaire. Je lui fis palper toutes les parties secrètes de mon corps. Jamais
je ne parvins à poser mes lèvres plus haut que la séparation de la jarretelle et
du pantalon, un pantalon de petite fille, comme j’ai déjà dit, brodé, ourlé et
orné d’entre-deux maladroitement cousus.

Enfin, quand elle m’eut littéralement possédé, sans me rien donner en échange
(j’aurais pu, cependant, l’amener à la rencontre finale sur un lit d’angoisse),
je m’arrachai aux visites désolantes. Elle téléphona plusieurs fois là où le
travail m’avait enchaîné de nouveau. Je fis répondre par un ami que j’étais en
voyage très loin, dans le premier pays imaginé : la Pologne.

J’entendais à l’écouteur sa petite voix tremblante et désillusionnée.

Elle me visite parfois, sur un gravier de souvenirs, à l’heure du sommeil. »

Les assistants se faisaient loquaces. Un autre conta son histoire.

« Admirable Lucie! Elle était mannequin dans une maison de deuil. Tout le jour,
elle essayait des costumes noirs devant des veuves éplorées, des mères sans
larmes, des orphelines abruties. Sous la guimpe de crêpe ou libre dans un
corsage presque galant, sa gorge palpitante et laiteuse appelait le désir de
l’amant fatigué du monde et qui vient demander à l’amour un opium qui échappe
aux lois. Les voiles cérémoniaux qui l’enveloppaient quadrillaient sa chair de
funéraire mais d’érotique façon. C’était tantôt le vêtement austère au col
fermé, aux manches longues, le voile rabattu sur le visage, tantôt le corsage
largement échancré dénudant la naissance du cou et l’accolade des seins, les
manches courtes ou transparentes, les bas de soie. À la seule vue de cette
apparition séduisante, certaines femmes désiraient non plus vivre comme par le
passé, mais loin de tout, une existence dramatique, tissée de brume et marquée
de baisers sanglants, un amour claustral, exclusif et ravissant. Des petites
filles l’auraient appelée maman, résumant en ce mot une tendresse qui n’avait
rien de filial. Lucie était, hors de la maison de couture qui l’employait,
toujours vêtue de bleu. Elle mettait à se vêtir de cette couleur autant
d’obstination que la destinée à la vêtir de deuil.

Je l’avais vue à travers une baie de son magasin, situé près de la Madeleine. Un
rendez-vous inscrit avec le doigt sur la buée de la vitre me surexcita jusqu’au
soir. Grande alors fut ma stupéfaction quand un immense papillon bleu pâle
s’approcha de moi. La poussière de ses ailes subsista longtemps dans la doublure
de mes vêtements.

C’est là toute l’histoire de Lucie, plus une coupure de journal relatant la
découverte dans un torrent d’Auvergne d’un cadavre décapité de femme nue. »

Le salon du club était envahi par les lumières et les ombres multiples. Ombres
des fauteuils, ombres des buveurs, ombres du châssis des fenêtres sur le ciel,
et dans chacune de ces ombres, les buveurs nichaient leur plus cher amour, ailes
battantes, et frissonnant encore du sang tumultueux qui les avait baignés
jusqu’à ce soir où ils se libéraient, pour venir un instant se réfugier parmi
les papillons nocturnes.

Les uns après les autres, les buveurs contaient :

« oeil de Roger, bouche de Roger, mains, mains surtout, longues et pâles, mains
de Roger, c’est à ces fragments d’un personnage adoré que je me raccroche ce
soir comme les autres soirs où j’imagine ma mort avec tant d’exactitude que
l’eau m’en vient à la bouche et que mes yeux se brouillent sans larmes.

J’imagine Roger tel qu’il se présentait à mes yeux gonflés le matin, quand le
jour cruel venait traîner ses manches sur nos fronts, éclairant le lit où nous
nous étions réunis. Ses muscles polis et son front pur, son souffle régulier, le
puissant et souple mouvement de sa poitrine, tout concourait à lui donner le
physique de l’homme parfait, du mâle. Moi-même, si j’ai vieilli, ai conservé
encore quelque vigueur et vous me croyez sans peine quand je vous dis que
j’étais fort, agile et que ma taille élevée, sans embonpoint, mais point frêle,
faisait de moi un assez beau spécimen de la race. C’était donc deux mâles qui,
la nuit, se combattaient sans trêve, l’un cédant à l’autre à tour de rôle. Notre
pédérastie n’avait rien d’hybride et nous ne montrions, l’un et l’autre, que du
mépris ou plutôt une ignorance méprisante pour les filles manquées. Nous les
écartions de notre chemin ces coeurs de femelles, ces cervelles de papier-
filtre. Nous nous éloignions soigneusement de leurs jardins, plantés d’iris, et
de toute la sentimentalité puérile et bête qui leur est propre comme les parfums
bon marché aux bonnes à tout faire. Leur incommensurable bêtise nous faisait
sourire et, si nous les défendions d’ordinaire contre le fameux bon sens de la
masse normale au nom de la liberté individuelle et du principe que tout est
licite en amour, nous combattions au nom du même principe l’exclusive dont
certains d’entre eux frappent la femme, les uns par impuissance ou constitution
pitoyable, les autres par stupidité. Roger et moi avions contracté l’ivresse de
l’étreinte à la suite d’une querelle qui se termina en bataille, étreinte qui
devint amoureuse quand, ayant constaté notre mutuelle incapacité de vaincre et,
de ce fait, réconciliés, nous constatâmes que nos esprits, antagonistes eux
aussi, étaient cependant de même plan et pouvaient, sans déchoir, s’affronter.

Notre union dura plusieurs années durant lesquelles nos coeurs et nos âmes se
battirent comme des lames précieuses, en s’affinant.

Notre amour n’avait rien de platonique. Mes bras se rappellent exactement le
contour de ses hanches et mes lèvres sont capables de reprendre la forme des
siennes. Lui-même, s’il n’était pas mort, aurait gardé des souvenirs aussi
précis que les miens. L’amour certain que j’ai rencontré ou éprouvé depuis pour
des femmes dont certaines étaient admirables était d’une toute autre sorte. Le
désir de vaincre, le nihilisme sous-entendu toujours par l’amour, varie suivant
les armes employées. Roger et moi employions les mêmes, alors qu’avec les femmes
il n’en va pas de même, tant il s’agit en elles de vaincre une nature
différente. Roger et moi nous eûmes durant des années la sensation de nous
heurter à notre propre image dans un miroir idéal, car tous nos gestes, toutes
nos pensées étaient annihilés par un geste, une pensée identiques et
inévitables.

Puis le destin, en l’espèce une quelconque maladie, l’enleva, comme l’on dit, et
je n’ai plus entendu parler de lui. »

Durant ce temps, la sirène aux écailles neuves sommeillait dans la loge, devant
le mobilier Henri II.

Avez-vous déjà rencontré des sirènes?

Si non je vous plains. Pour ma part, il n’est pas d’aube où l’une d’elles ne
vienne jusqu’au bord de mon lit, tout humide encore des vagues de l’ombre. La
sirène cependant sommeillait sur son lit. De temps à autre, quand une sonnerie
retentissait, elle tirait le cordon. Un pas plus ou moins rapide signalait le
passage de quelqu’un puis, dans l’escalier, c’était le bruit, générateur de
rêves, de l’ascenseur et d’une porte fermée.

Le paysage où se meuvent nos héros est composé, ne l’oublions pas, d’une maison
moderne au rez-de-chaussée de laquelle une sirène blanche se prépare à de
sanglantes aventures, au troisième étage de laquelle des hommes aventureux sont
prêts à risquer pour l’amour des dangers sensationnels.

Sur le trottoir opposé à cette maison, une large flaque de sang d’où partent des
empreintes de pieds ; au sommet d’une maison Bébé Cadum : le souvenir de Louise
Lame sur tout cela. Celle-ci, conduite par le hasard aux gants d’amiante, arrive
dans la rue qui se prépare lentement au drame. La sirène sort à cet instant et,
entre les deux créatures, la lutte s’engage immédiatement.

L’absence d’eau gêne certainement le transfuge des mythologies, mais la surprise
et la nuit qui paralysent Louise Lame égalisent la partie.

Elles se roulent toutes deux sur le trottoir avec le bruit métallique des
écailles arrachées et le bruit mou de la chair qui se meurtrit sur le pavé. Les
réverbères éclairent conventionnellement le combat qui se déroule maintenant
dans la flaque de sang.

À une fenêtre du cercle, Corsaire Sanglot vient appuyer son front fiévreux sur
la vitre fraîche. Il considère un instant l’étonnant spectacle tandis qu’un
homme assez jeune raconte son histoire.

« Empreinte ineffaçable de l’amour! Tu doues le corps de l’homme d’un parfum
nouveau, absolument différent de celui de la virginité, tu donnes à l’esprit une
inquiétude neuve quand il constate que l’inconnu est encore plus méconnaissable
après la première rencontre que lorsqu’il était ridiculement pur de toute
blessure. Je fus l’amant de Mabel durant quelques jours seulement, mais ils ont
suffi à transformer ma vie et à douer mes rêves d’un sens nouveau, celui de
l’odorat. Sanglantes nuits, nuits de rêve, nuits de vie, vous êtes maintenant
mes nuits. Dès que le soleil a disparu à l’horizon comme le contrepoids d’une
horloge, je sens la présence tyrannique des flacons qui, avec des heurts légers,
prennent leur place coutumière sur les étagères de ma pensée. J’ignore le nom de
leur contenu à l’exception d’un seul, l’ambre qui charme déjà l’auteur de ces
lignes et, à voir trembler ce liquide générateur d’infinis, mes yeux eux-mêmes,
malgré leur naturelle humidité et leur ressemblance, commune à tous les yeux,
avec des flacons précieux, mes yeux deviennent plus fixes que les points
algébriques de l’espace où les planètes se donnent rendez-vous.

Agrandissez-vous, mes yeux! C’était un soir de juillet, lourd d’orage. Mabel
dévêtue avait jeté sur ses épaules un châle multicolore et transparent qui ne
descendait pas même jusqu’à son ventre. Par la fenêtre ouverte, nous regardions
les nuages s’enfler au loin derrière le cirque des gazogènes et menacer la ville
chaude et haletante. L’odeur des trottoirs d’été montait vertigineuse, et les
désirs d’amour étaient plus lourds et plus ténébreux. Mabel et moi, enlacés,
sans parole, nous regardions.

Je me levai. Je saisis dans une armoire une grande bouteille d’ambre et, goutte
à goutte, je commençai à répandre son contenu sur le corps de cette femme. Tour
à tour, les gouttes tombaient sur la pointe des seins, sur le nombril, sur
chaque doigt, sur le cou, au plus profond d’elle-même. Puis, sachant enfin
qu’elle allait mourir de cette volupté qui la tordait sur le divan,. je fus pris
de frénésie. Les gouttes tombaient sur les yeux, les narines, la bouche.
Bientôt, son corps entier fut arrosé.

Une respiration spasmodique était en elle la seule trace de vie, quand je
m’aperçus que le flacon était vide. L’odeur de l’ambre emplissait la pièce.
J’étais ivre de rêve. Je brisai le goulot de la bouteille et j’enfonçai le
tronçon hérissé tour à tour dans les yeux, dans les lèvres, dans le ventre, dans
les seins.

Puis je suis parti, tout imprégné du parfum triple du sang, de l’amour et de
l’ambre.

J’ai fermé la porte derrière moi.

De temps à autre je passe dans la rue. Je regarde la fenêtre ouverte où tremble
encore un rideau. J’imagine Mabel aux yeux caillés de rouge. Et je m’en vais. »

C’est à ce moment que la sirène se relève. Le corps de Louise Lame vaincue et
fatiguée repose dans la flaque de sang. Le corsaire attentif comprend que
l’heure est venue des représailles. Il s’apprête à sortir quand la sirène
apparaît dans le salon. Il la saisit à bras le corps, la soulève et la jette à
toute volée dans la rue, à travers une fenêtre. Les vitres volent en éclats et
l’eau fait irruption dans le club : une eau bleue et bouillonnante, écumeuse,
qui renverse les tables, les fauteuils, les buveurs. Corsaire Sanglot, durant ce
temps, s’éloigne d’un quartier si paisible que le rêve y devient réalité. Son
chemin est celui de la pensée, fougère à queue de paon. Il arrive de la sorte au
pied de l’usine à gaz. Les gazogènes sont emplis du bourdonnement de plusieurs
milliards de papillons qui attendent en battant des ailes le moment d’être
livrés à la consommation. Le ciel d’encre et de buvard pèse sur ce tableau.

Corsaire Sanglot, ton attente eût été longue sans l’invincible destinée qui te
livre entre mes mains.

Et voici que s’avance le marchand d’éponges.

Corsaire Sanglot le questionne du regard et celui-ci lui révèle que son poétique
fardeau ne lui suggère pas des idées normales.

Ce ne sont point des paysages sous- marins ensanglantés par les coraux, par les
combats des poissons voraces, par les blessures des naufragés dont le sang
s’élève nébuleusement à la surface. Le lendemain, passant dans ces parages à
bord d’un paquebot, la belle millionnaire qui, plus tard, survivante d’un
naufrage fameux sera surnaturellement sauvée de l’insolation par une miraculeuse
ombrelle, exprimera le désir de nager dans cette eau transparente et colorée. On
arrêtera les machines. Le ronflement des turbines cessera. Les ordres brefs des
officiers gantés de noir retentiront un instant, puis ce sera le silence. Les
passagers s’accouderont aux bastingages. La jeune millionnaire plongera, vêtue
seulement d’un mince petit maillot blanc. Elle nagera durant une demi-heure,
étonnée de ne pas trouver aux flots le goût du sel mais celui du phosphore.
Quand elle remontera sur le pont, elle sera rouge, toute rouge comme une fleur
magnifique et cela ne sera pas étranger au désastre. Les hommes, amoureux d’elle
depuis le départ d’un port européen, deviendront frénétiques, les derniers des
gabiers, le commandant du bord et les mécaniciens ne seront pas les moins épris.
Le navire reprendra sa route un instant interrompue, mais tous ces yeux, bornés
jusque-là à enregistrer le mariage horizontal de la mer et du ciel, verront
danser désormais devant eux un tyrannique fantôme rouge. Rouge comme les signaux
d’alarme disposés le long des voies ferrées, rouge comme l’incendie d’un navire
chargé d’un explosif blanc, rouge comme le vin. Bientôt, il se mêlera aux
flammes des foyers de la machinerie, aux plis des pavillons claquant à
l’extrémité des mâts à l’arrière, aux vols d’oiseaux du large et de poissons
tropicaux. Des icebergs phalliques descendront par extraordinaire jusqu’à ces
mers chaudes. Une nuit, ils atteindront le sillage transversal et le fantôme se
reflétera en eux mieux qu’en un miroir. Une sauvage étreinte arrêtera là le
voyage au long cours.

Non, ce ne sont pas ces histoires banales que les éponges ont appris au marchand
qui marche nu dans la rue bardée de gazogènes. Ce n’est pas non plus l’histoire
de ces pêcheurs de tortues marines qui, dans un filet, reconnurent un jour la
présence d’un poids inaccoutumé. Ramené péniblement, ils découvrirent dans ses
mailles un buste antique et mutilé et une sirène : une sirène qui était poisson
jusqu’à la taille et femme de la taille aux pieds. De ce jour, l’existence fut
intenable sur le petit bateau. Le filet ne ramena plus que des étoiles charnues
et soyeuses, des méduses transparentes et molles comme des danseuses en tutu
récemment assassinées, des anémones, des algues magiques. L’eau des réservoirs
se changea en perles fines, les aliments en fleurs des Alpes : edelweiss et
clématites. La faim tortura les matelots mais nul ne songea à rejeter à la mer
l’augurale créature qui avait déterminé la famine. Elle rêvait à l’avant sans
paraître souffrir de sa nouvelle existence. L’équipage mourut en peu de jours et
l’esquif, jouet des courants, parcourt encore les océans.

Non, cette histoire ne sommeille pas dans les nuits du marchand d’éponges, elle
ni le bateau fantôme dont le sillage est lumineux, ni le trésor des boucaniers,
ni les ruines submergées.

Il lève la main et parle. Il dit que, sur son dos, il porte les trente éponges
enduites de fiel et qui furent tendues à la soif du Christ. Il dit que, depuis
mil neuf cents ans, ces éponges ont servi à la toilette des femmes fatales et
qu’elles ont la propriété de rendre plus diaphane leur adorable chair. Il dit
que ces trente éponges ont essuyé bien des larmes de douleur et des larmes
d’amour, effacé pour jamais la trace de bien des nuits de bataille et de demi-
mort. Il les montre une à une ces éponges sacrées qui touchèrent les lèvres du
satané masochiste. Ô Christ! amant des éponges, Corsaire Sanglot, le marchand et
moi nous connaissons seul ton amour pour les voluptueuses éponges, pour les
tendres, élastiques et rafraîchissantes éponges dont la saveur salée est
réconfortante aux bouches que torturent des baisers sanguinaires et de
retentissantes paroles.

C’est pourquoi désormais vous communierez sous les espèces de l’éponge.

L’éponge sacrée qui s’aplatit au creux des omoplates et à la naissance des
seins, sur le cou et sur la taille, à la naissance des reins et sur le triangle
des cuisses, qui disparaît entre les fesses musclées et dans le ténébreux
couloir de la passion, qui s’écrase et sanglote sous les pieds nus des femmes.

Nous communierons sous les espèces de l’éponge, nous la presserons sur nos yeux
qui ont trop regardé la paroi interne de la paupière, sur nos yeux qui
connaissent trop le mécanisme des larmes pour vouloir s’en servir. Nous la
presserons sur nos oreilles symétriques, sur nos lèvres qui valent mieux que les
tiennes, ô Christ, sous nos aisselles courbaturées.

Le marchand d’éponges passe dans les rues. Voici qu’il est tard. Le marchand de
sable qui l’a précédé a semé des plages stériles, voici le marchand d’éponges
qui vous jette l’amour, amants tourmentés (comme s’ils méritaient le nom
d’amants ceux qui ne sont pas haletants d’angoisse).

Le marchand d’éponges est passé. Voici le matelas et voici l’oreiller tendres
tous les deux. Couchons-nous.

Le marchand d’éponges est maintenant très loin des gazogènes auréolés. Le
Corsaire Sanglot réfléchit. Il se souvient d’un cadavre de femme et d’un salon
où l’on buvait une douce liqueur... Il reprend le chemin du club des Buveurs de
Sperme.

Il retrouve l’avenue.

Il ne retrouve pas le cadavre.

Il retrouve les vestiges moitié squelette, moitié arête, de la sirène blanche.
Il retrouve son fauteuil et sa coupe. Il retrouve les buveurs, ses compagnons.
Il retrouve toujours présent au sommet de la maison d’en face, le Bébé Cadum.

Un buveur prend la parole à son entrée.

« Lorsque minuit sonna, voici exactement vingt-trois ans, la porte de ma chambre
s’ouvrit et le vent fit entrer d’abord une immense chevelure blonde puis... »






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Robert Desnos. (1900-1945) VII. Révélation Du Monde.
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