Rappel du premier message :
Calixto. (Septembre 1943)
À S’ENDORMIR À LA LÉGÈRE,
AU BRUIT DES SOURCES, SOUS LE CIEL,
RÊVANT AU RYTHME PLANÉTAIRE,
ON PLONGE, GISANT, DANS LA TERRE
ET SI JAMAIS RÊVE AU RÉEL
RÉVÉLA SECRET OU MYSTÈRE
C’EST EN DORMANT AU BRUIT DBS EAUX
ET DU VENT FERMANT SES CISEAUX.
À S’ENDORMIR À LA LÉGÈRE,
SUR LA TERRE, DANS QUEL FOUILLIS,
TERRIENS, SOMBREZ-VOUS? LA FOUGÈRE
S’ÉCROULE EN PANIERS DE LINGÈRE
DANS UNE ARMOIRE DE TAILLIS
BRODÉS DE SOIE OÙ S’EXAGÈRE
LA LUMIÈRE, HORS DU MANTEAU,
DE TA CHAIR, NYMPHE CALIXTO.
Hors du manteau, la lumière
De ta chair, nymphe Calixto,
En pleine étoile se libère
Du clair de jour et nous éclaire
Tard ou, suivant la saison, tôt.
Mais qu’importe si l’on préfère,
Jailli du manteau de ta chair,
Ton coeur lui-même sombre et clair.
Que l’éclair sombre sur les rives
Où ta chair décline un couchant
Érotique au ciel où s’inscrivent
Nord, Sud, Est, Ouest et leurs dérives
Et les ourses qui dans ce champ
Vont brouter des herbes cursives,
Aurores, nuages, lueurs
Et boire aux rêves les sueurs.
C’est l’heure où les robes s’écroulent,
Où les cuisses, le ventre rond,
Un sourire sous la cagoule,
Les hanches, la croupe qui roule
Vigne promise au vigneron,
Au bain de la nuit qui s’écoule
S’abandonnent dans les baisers
Et s’irritent pour s’apaiser.
Avec des femmes que j’ignore,
Ô mes amis d’Outre-Océan,
Sous un plafond de météores
Vous déterrez la mandragore.
Je suis toujours du même clan,
Je guette au même sémaphore,
Nymphe prétexte, Calixto,
Le prochain signal de morte-eau.
Que ton chariot, avec ses roues,
Ne puisse franchir l’horizon,
Ou qu’Artémis, le vent en proue,
Te rencontre en ourse garoue
Et t’ajoute à ses venaisons,
Que ton sang colore la boue
Avec celui, ô libation,
Du fruit de ta parturition
Au ciel des couches solitaires
Enfantant des rêves de feu
Ou de glace ou sentant la terre.
Sur les étreintes adultères,
Sur l’équivoque et sur le jeu
Dessinant ton quadrilatère,
Tu es froide comme le Nord,
Nymphe en peine, vaisseau sans port.
Depuis longtemps tu fais la bête
Mais la belle est sous le manteau,
Ainsi dans le poisson l’arête,
Ainsi sous ta chair le squelette
Sur quoi se brise le couteau,
Ainsi la pensée en ta tête,
Le souvenir, le voeu, l’espoir
La lumière pour mieux voir.
Et de même sous le langage
Se dissimulent maints secrets.
La toute belle en ses bagages
Cache l’étoile aux bons présages
Et le prisonnier aux aguets,
Rêve de belle et de voyages
Comme aux jours de la nef Argo
Dont les marins parlaient argot.
Au rif sans qui les châsses
N’auraient plus que dalle à bigler
Et seraient creuses comme un glasse
Lorsque le siffleur en a clâsse,
Au rif d’abord, la bonne clé
Ouvrant les lourdes pour la câsse,
Au rif d’abord, donnons condé
Pour crônir ceux qui sont ladé.
À la tardé, dans le silence,
Amis, pallas d’esgourder
À la source, bonir la lance.
À la tardé, pourtant méfiance
Car elle peut tout inonder
Tout estourbir dans sa violence.
Ah! Que la lance à la tardé
Maccabe ceux qui sont ladé.
Pour escoffier ces yeux de bronze,
Que l’air se frime en pur cambouis
Avant prennent le train onze.
Et qu’il les sale et les déronce,
Les entubant ribouis,
Jusqu’au battant, engonces!
Qu’il soit bléchard et débridé
Pour pourrir ceux qui sont ladé.
Quant au bouzin, quant à la crotte
Qui pavoise et fait son persil,
Lorsque la moulana bagotte
À fond de baba sur les mottes,
Que son bide en soit bien farci,
Et que jamais ils déhottent.
Qu’elle soit un Bagneux fadé
Pour saper ceux qui sont ladé!
La grande borgne est loucedoque!
C’est encor marre pour leur blot
Lorsque, mettant les loucepoques,
Ils chialeront la lousseroque
De les assister au pajot
Tant ils auront la loussefroque
De voir les largues en pétard
À labactem les passer dar.
Notre sorgue à nous sera douce,
Toute au béguin, toute aux bécots.
Sans gaffer rien, même la rousse,
Nous pioncerons plus pouce.
Même n’ayant monaco
Nous le piccolerons sans frousse
Tandis que les vers de sapin
Leur boufferont châsses et tarin.
Mais plus vif que rif, air, bouzin, lance
Feront les pognes des butteurs
Pour liquider la connivence
Et le sapement en instance.
C’est le boniment des lutteurs
Le cri des piafs, le jour de danse
Le coup de bambou au château,
C’est du billard, c’est du gâteau.
Mais toi Calixto la grande ourse
N’aurais-tu pas largué ton bled?
Icicaille à tes grandes ourses,
Le raisiné cascade à sources
Rien n’est plus droit, tout est en Z.
Comme des faisans à la Bourse,
Les demi-sels se croient des mecs.
Mektoub! un jour ils l’auront sec.
Car le trèpe est toujours le trèpe,
Il la boucle et prend ses biftons
Pour régler leur compte à ces crèpes,
Visant leur mesure de crêpe
Pour le jour de la Saint-Bâton.
Elle n’est pas folle la guêpe
Qui, dans la noye, ô Calixto
Entrave ce jour pour bientôt.
Les clignotantes dans la sorgue
En attendant font leur tapin,
Le bourguignon fait ronfler l’orgue
Pendant que se bourre la morgue,
Le piaf des bois gouale aux lapins
Et le piscaille à pleines forgues
Ripe en fusant dans les coinstos
Où le flot frise et fait château.