Coucou.
Tout était comme dans une image enfantine.
La lune avait un chapeau claque dont les huit reflets se répercutaient à la
surface des étangs,
Un revenant dans un linceul de la meilleure coupe
Fumait un cigare à la fenêtre de son logis,
Au dernier étage d’un donjon
Où la très savante corneille disait la bonne aventure aux chats.
Il y avait l’enfant en chemise perdue dans des sentiers de neige
Pour avoir cherché dans ses souliers l’éventail de soie et les chaussures à
hauts talons.
Il y avait l’incendie sur lequel, immenses,
Se détachaient les ombres des pompiers,
Mais, surtout, il y avait le voleur courant, un grand sac sur le dos,
Sur la route blanchie par la lune,
Escorté par les abois des chiens dans les villages endormis
Et le caquet des poules éveillées en sursaut.
Je ne suis pas riche, dit le fantôme en secouant la cendre de son cigare, je ne
suis pas riche
Mais je parie cent francs
Qu’il ira loin s’il continue.
Vanité tout n’est que vanité, répondit la corneille.
Et ta soeur? demandèrent les chats.
Ma soeur a de beaux bijoux et de belles araignées
Dans son château de nuit. Une foule innombrable de serviteurs
Viennent chaque soir la porter dans son lit.
Au réveil, elle a du nanan, du chiendent, et une petite trompette
Pour souffler dedans
La lune posa son chapeau haut de forme sur la terre.
Et cela fit une nuit épaisse
Où le revenant fondit comme un morceau de sucre dans du café.
Le voleur chercha longtemps son chemin perdu
Et finit par s’endormir
Et il ne resta plus au-delà de la terre
Qu’un ciel bleu fumée où la lune s’épongeait le front
Et l’enfant perdue qui marchait dans les étoiles.
Voici ton bel éventail
Et tes souliers de bal,
Le corset de ta grand-mère
Et du rouge pour tes lèvres
Tu peux danser parmi les étoiles
Tu peux danser devant les belles dames
À travers les massifs de roses célestes
Dont l’une tombe chaque nuit
Pour récompenser le dormeur qui a fait le plus beau rêve.
Chausse tes souliers et lace ton corset
Mets une de ces roses à ton corsage
Et du rose à tes lèvres
Et maintenant balance ton éventail
Pour qu’il y ait encore sur la terre
Des nuits après les jours
Des jours après les nuits.