PARTIE II BILLET
du Maréchal De , à Madame De Senanges.
vous êtes très-aimable, madame ; mais vous
vous intéressez pour des gens qui ne sont guere
sages. J' ai vu ce matin le Chevalier De Versenai,
il avoit l' air d' être furieux de la faveur de
la cour ; il vouloit remercier le ministre ; et
sûr à peine d' avoir obtenu, il songeoit à sa
démission. Je n' y conçois rien. J' ai tâché de lui
remettre la tête, je lui ai fait entendre qu' il
manquoit à ses amis, que c' étoit mal payer leur zele
que de faire un pareil éclat ; je vous ai nommée...
j' ai cru qu' il étoit devenu fou ; il s' est
enfui sans me dire un mot, et m' a laissé tout
stupéfait d' une scene qui, je crois, n' a pas encore
eu d' exemple. Vous m' expliquerez peut-être
cette énigme : j' espere toujours que le chevalier
voudra bien pardonner au roi, de l' avoir
préféré à ses concurrens ; et de quelque maniere
que la chose tourne, je ne me repentirai pas des
démarches que j' ai faites par vos ordres.