LETTRE XXXIv.
de Ladi Sidley, au comte De Mirbelle.
ce n'est pas l'instant des reproches, c'est
celui du courage. J'ai lu la preuve de ta perfidie,
que le hasard ou ton adresse a fait tomber entre
mes mains. Tu m'as trompée... tu ne me verras
plus. Une barriere éternelle s'éleve entre
nous, et tu ne sauras point le lieu de ma retraite.
Ne donne jamais un regret à mon sort.
Je ne regrette rien dans un monde où la sensibilité
est en proie à l'ingratitude et à la trahison.
La femme qui t'aimoit et qui t'oublie, s'ensevelit
volontairement en des lieux où elle trouvera
la paix... où elle attendra la destruction
de son être... adieu... ne crois pas cependant
que j'attente à mes jours. Si tu avois perdu
la vie avant mon estime, je t'aurois suivi; mais
tu es vil à mes yeux, tu ne m'es plus rien, et je
vivrai, non pour la haine (l'objet de mon mépris
ne peut la mériter), mais pour effacer à
mes propres yeux la honte de t'avoir aimé.