Le songe
I
C'estoit alors que le present des Dieux
Plus doulcement s'écoule aux yeux de l'homme,
Faisant noyer dedans l'oubly du somme
Tout le soucy du jour laborieux,
Quand un Demon apparut à mes yeux
Dessus le bord du grand fleuve de Rome,
Qui m'appelant de nom dont je me nomme,
Me commanda regarder vers les cieux:
Puis m'escria, Voy (dit-il) et contemple
Tout ce qui est compris sous ce grand temple,
Voy comme tout n'est rien que vanité.
Lors cognoissant la mondaine inconstance,
Puis que Dieu seul au temps fait resistence,
N'espere rien qu'en la divinité.