Créée en 1984, à l'initiative du sociologue Daniel Defert et reconnue d'utilité publique en 1990, AIDES est la première association française de lutte contre le VIH/sida et les hépatites virales et l'une des plus importantes au niveau européen. AIDES est aujourd'hui présente dans plus de 70 villes françaises, au plus près des personnes touchées, et entretient de nombreux partenariats à l'international. Son président actuel est Bruno Spire.
AIDES s'engage à respecter l'identité culturelle, la sexualité, le mode de vie, les appartenances idéologiques et les choix thérapeutiques de chacun. Espace libre de confrontation d'idées, gage de non-jugement, de confidentialité et d'anonymat, AIDES est indépendante de toute famille religieuse, morale, politique ou scientifique.
Nous pour nous, nous pour tous : une démarche communautaire
Effet de la tradition, poids des habitudes, de nombreuses associations situent souvent leur action dans une logique de service au risque de transformer leurs adhérents en "clients". C'est loin d'être un idéal quand on estime qu'il faut favoriser l'autonomie pour permettre aux gens d'avancer, de résoudre les difficultés auxquelles ils sont confrontés et de se mobiliser. Ne pas décider ni faire à la place des personnes, c'est le principe que défend AIDES.
Pour éviter l'écueil du "service", AIDES veille à ce que les personnes concernées, celles qui sont elles-mêmes touchées et celles qui sont leurs proches, soient au coeur des décisions, des projets et de leur réalisation. Nos actions sont mises en place pour répondre aux besoins et aux souhaits des personnes concernées et prennent en compte les particularités locales. Il s'agit de faire du sur-mesure, pas de reproduire à la chaîne des actions qui peuvent être la bonne réponse à un endroit, mais pas forcément à un autre. AIDES permet aux personnes qui le souhaitent de se mobiliser et d'agir. D'être acteur plutôt que "client" ! Cette mobilisation collective est primordiale puisqu'elle rend plus légitimes encore les revendications des personnes touchées par le VIH/sida et les hépatites virales.
Société : faut que ça change !
Transformer la société, c'est un des objectifs et des résultats de notre démarche communautaire. C'est influer sur les dysfonctionnements du système administratif et juridique français pour améliorer les conditions de vie des personnes et leur permettre de mieux agir sur leur santé. C'est construire, avec les personnes confrontées au VIH et aux hépatites, des solutions durables qui répondent à leurs besoins et à ceux de leurs proches.
C'est une évidence scientifique : les conditions de vie d'une personne conditionnent son accès aux soins et à la prévention. La précarité sociale, financière, affective... Ces facteurs rendent les personnes vulnérables et favorisent la propagation des infections. Et si les solutions proposées par les experts sont souvent synonymes d'échec, c'est parce qu'elles ne prennent pas en compte cette réalité. Comment une femme peut-elle proposer un dialogue quand elle risque d'être rejetée par son partenaire ? Comment un gay peut-il acheter des préservatifs dans un pays qui condamne l'homosexualité ? Comment un usager de drogues peut-il se protéger des virus si son pays interdit la distribution de seringues stériles ? Parfois, seule une mobilisation massive des personnes peut permettre de trouver des solutions à leurs difficultés. AIDES tient à rendre cette mobilisation possible partout où la transformation sociale est nécessaire.
De nos propres ailes !
AIDES revendique et préserve son autonomie et son indépendance. Les orientations stratégiques et politiques de nos actions sont définies par différentes instances décisionnelles internes composées de volontaires élus par leurs pairs. Le conseil d’administration comprend vingt-quatre membres, il est élu tous les deux ans par l'assemblée générale de ses adhérents, et il se réunit à la même fréquence pour élire le bureau.
En tant qu'organisation non gouvernementale, AIDES perçoit des fonds publics et des fonds privés, dont les dons et legs de particuliers. Ne pas être financé uniquement par des subventions de l'Etat participe aussi à notre indépendance. Grâce aux fonds privés, AIDES ne se contente pas de répondre aux injonctions et recommandations du secteur politique ; elle peut prendre des initiatives pour répondre aux priorités constatées sur le terrain.
Daniel DEFERT, fondateur et premier président de AIDES :
«Lorsque nous avons crée avec mon ami Michel FOUCAULT, en 1972, le Groupe Information Prisons (GIP), il m’a fait remarquer que le « I » était là pour marquer le iota de différence que les intellectuels devraient introduire dans la pratique de la gauche prolétarienne qui dominait alors le mouvement social. Pour lui faire un clin d’œil, en 1984, je me suis donc efforcé de trouver un nom qui pourrait avoir deux acceptions : c'est ainsi qu'a été créée AIDES, mot qui emboîte à la fois le français "aide-soutien" et "AIDS".