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 François Fénelon. (1651-1715) DIALOGUE 9

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François Fénelon. (1651-1715) DIALOGUE 9 Empty
MessageSujet: François Fénelon. (1651-1715) DIALOGUE 9   François Fénelon. (1651-1715) DIALOGUE 9 Icon_minitimeDim 27 Jan - 1:21

DIALOGUE 9

Romulus et Tatius.
Le vrai héroïsme est incompatible avec la fraude et
la violence.

Tatius.
Je suis arrivé ici un peu plus tôt que toi :
mais enfin nous y sommes tous deux ; et tu
n' es pas plus avancé que moi, ni mieux dans
tes affaires.

Romulus.
La différence est grande. J' ai la gloire d' avoir
fondé une ville éternelle avec un empire
qui n' aura d' autres bornes que celles de
l' univers ; j' ai vaincu les peuples voisins ; j' ai
formé une nation invincible d' une foule de
criminels réfugiés. Qu' as-tu fait qu' on puisse
comparer à ces merveilles ?

Tatius.
Belles merveilles ! Assembler des voleurs,
des scélérats ; se faire chef de bandits, ravager
impunément les pays voisins, enlever des
femmes par trahison, n' avoir pour loi que la
fraude et la violence, massacrer son propre
frère ; voilà ce que j' avoue que je n' ai point
fait. Ta ville durera tant qu' il plaira aux
dieux ; mais elle est élevée sur de mauvais
fondements. Pour ton empire, il pourra
aisément s' étendre ; car tu n' as appris à tes
citoyens qu' à usurper le bien d' autrui : ils ont
grand besoin d' être gouvernés par un roi plus
modéré et plus juste que toi. Aussi dit-on que
Numa, mon gendre, t' a succédé : il est sage,
juste, religieux, bienfaisant. C' est justement
l' homme qu' il faut pour redresser ta république,
et réparer tes fautes.

Romulus.
Il est aisé de passer sa vie à juger des procès, à
apaiser des querelles, à faire observer une
police dans une ville ; c' est une conduite
foible et une vie obscure : mais remporter des
victoires, faire des conquêtes, voilà ce qui fait
les héros.

Tatius.
Bon ! Voilà un étrange héroïsme, qui n' aboutit
qu' à assassiner les gens dont on est jaloux !

Romulus.
Comment, assassiner ! Je vois bien que tu
me soupçonnes de t' avoir fait tuer.

Tatius.
Je ne t' en soupçonne nullement ; car je n' en
doute point, j' en suis sûr. Il y avoit
long-temps que tu ne pouvois plus souffrir que je
partageasse la royauté avec toi. Tous ceux qui
ont passé le Styx après moi m' ont assuré que
tu n' as pas même sauvé les apparences : nul
regret de ma mort, nul soin de la venger ni
de punir mes meurtriers. Mais tu as trouvé ce
que tu méritois. Quand on apprend à des
impies à massacrer un roi, bientôt ils sauront
faire périr l' autre.

Romulus.
Hé bien ! Quand je t' aurois fait tuer, j' aurois
suivi l' exemple de mauvaise foi que tu m' avois
donné en trompant cette pauvre fille qu' on
nommoit Tarpéia. Tu voulus qu' elle te
laissât monter avec tes troupes pour surprendre
la roche qui fut de son nom appelée Tarpéienne.
Tu lui avois promis de lui donner ce que les
sabins portoient à la main gauche. Elle croyoit
avoir les bracelets de grand prix qu' elle avoit
vus : on lui donna tous les boucliers, dont on
l' accabla sur le champ. Voilà une action perfide
et cruelle.

Tatius.
La tienne de me faire tuer en trahison est
encore plus noire ; car nous avions juré
alliance, et uni nos deux peuples. Mais je suis
vengé. Tes sénateurs ont bien su réprimer ton
audace et ta tyrannie. Il n' est resté aucune
parcelle de ton corps déchiré : chacun
apparemment eut soin d' emporter son morceau
sous sa robe. Voilà comment on te fit dieu.
Proculus te vit avec une majesté d' immortel.
N' es-tu pas content de ces honneurs, toi qui
es si glorieux ?

Romulus.
Pas trop : mais il n' y a point de remède à
mes maux. On me déchire, et on m' adore : c' est
une espèce de dérision. Si j' étois encore
vivant, je les...

Tatius.
Il n' est plus temps de menacer, les ombres ne sont
plus rien. Adieu, méchant, je t' abandonne.


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François Fénelon. (1651-1715) DIALOGUE 9
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