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| Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XI Course A La Fée. | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XI Course A La Fée. Lun 18 Fév 2013 - 14:22 | |
| Rappel du premier message :
XI Course A La Fée.
Jeannin était le meilleur coureur du pays, mais la fée allait comme le vent. L’hésitation du petit coquetier avait laissé à la fée une centaine de pas d’avance. Après dix minutes de course, elle ne semblait pas avoir perdu un pouce de terrain.
Elle allait droit à la grève.
Jeannin jeta ses sabots. Il était déjà tout en sueur.
Mais il redoublait d’efforts.
-Heureusement que la mer est basse, se disait-il; car la fée marche sur l’eau aussi bien que sur le sable, et sur l’eau je ne pourrais pas la suivre...
-Mais pourquoi n’a-t-elle pas pris l’écuellée de gruau? se demandait-il l’instant d’après. Le gruau était bon pourtant, ce soir! Peut-être qu’elle aime mieux la galette de froment. |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XI Course A La Fée. Lun 18 Fév 2013 - 14:24 | |
| Comme il était ainsi, quelque chose frôla ses cheveux. Il se leva en sursaut et poussa un cri.
Un autre cri faible lui répondit.
C’était la fée qui sautait dans le courant du Couesnon.
Elle ne savait donc plus courir sur l’eau sans mouiller la pointe de ses pieds, la fée? Jeannin n’eut garde de se faire à lui-même cette indiscrète question.
Il reprit sa course.
La fée avait déjà gravi l’autre rive.
Bonté du Ciel! ce qui avait frôlé les cheveux du petit Jeannin, c’était le voile de la fée. S’il avait eu l’esprit seulement d’avancer le bras! De l’autre côté du Couesnon, il fallait décidément entrer en grève ou prendre le chemin des bourgs normands qui avoisinent la côte. Ce chemin tourne le dos au Mont-Saint- Michel; et, d’après la première direction suivie, Jeannin pensait bien que la fée allait vers le Mont-Saint- Michel |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XI Course A La Fée. Lun 18 Fév 2013 - 14:24 | |
| Il n’y eut pas longtemps à douter. La fée, après avoir jeté encore un regard derrière elle, fit un brusque détour et se lança dans les sables à pleine course.
Les sables! c’était l’élément de Jeannin. Il serra la corde qui lui servait de ceinture, et se remit à jouer des jambes.
La lune sortait des nuages. La grève s’illuminait. On pouvait voir la cavalcade du manoir de Saint-Jean qui allait ça et là au hasard, sur les tangues, tantôt s’éloignant, tantôt se rapprochant du Couesnon. Jeannin et celle qu’il poursuivait étaient déjà trop loin pour qu’il y eut pour eux grand danger d’être aperçus.
Ils couraient maintenant, à cinquante pas l’un de l’autre, sur un terrain uni comme une glace.
Et il n’y avait pas à dire, le petit Jeannin gagnait à vue d’oeil.
Le pas de la fée était toujours léger et rapide, mais Jeannin, qui la dévorait des yeux, croyait découvrir déjà quelques symptômes de fatigue.
Son courage en devenait double, et il se disait encore: -Elle est à moi! elle est à moi! Il ne savait pas que les fées sont généralement d’un naturel assez moqueur. Simon Le Priol, qui était très fort sur les fées, aurait pu lui dire cela. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XI Course A La Fée. Lun 18 Fév 2013 - 14:24 | |
| Les fées se laissent approcher par le pauvre garçon qui les poursuit: elles l’encouragent par une fatigue feinte: elles l’amorcent: quand il va se lasser, elles trouvent moyen de le piquer au jeu.
Tant qu’il a un souffle, il court.
Puis, au moment où il croit saisir la fée, la fée s’envole en riant.
Et il tombe à plat ventre, suant et geignant.
Bien heureux si le lutin mignon ne l’a pas attiré dans quelque trou! C’était un ignorant que ce petit Jeannin.
Prendre une fée à la course; prendre la lune avec ses dents! On surprend les fées, on ne les prend pas.
Voilà ce que tout le monde sait bien.
Si le père Le Priol avait entendu le petit coquetier répéter en courant: Elle est à moi! elle est à moi! il aurait ri comme un bossu.
Pourquoi le chevalier breton de la légende avait-il réussi? C’est qu’il avait saisi la fée au moment où elle se baissait pour ramasser les friandises achetées chez le marchand d’épices de la ville de Dol... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XI Course A La Fée. Lun 18 Fév 2013 - 14:25 | |
| Tout cela est évident. Mais le petit Jeannin gagnait du terrain.
Il n’y avait plus guère entre lui et la fée qu’une trentaine de pas.
Le vent vint plus frais à son front.
-La mer monte, se dit-il.
Et d’un regard connaisseur, il interrogea la grève.
Il se vit à moitié route du Mont, dans la ligne de Pontorson.
Tout en courant, il arrangeait un stratagème que lui suggérait sa parfaite connaissance des grèves et des marées.
Les tangues sont plates, mais il y a des canaux dont la pente est presque imperceptible à l’oeil et où la mer monte bien longtemps avant de couvrir les sables. Le petit Jeannin étudia le terrain pendant quelques secondes.
Puis il changea brusquement de direction.
Vous eussiez dit qu’il cessait de poursuivre la fée. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XI Course A La Fée. Lun 18 Fév 2013 - 14:25 | |
| Tandis que celle-ci courait au nord, sur le Mont que l’on voyait comme en plein jour, Jeannin prenait à l’est, sans ralentir son pas le moins du monde.
C’est ici que Simon Le Priol, les quatre Mathurin et les quatre Gothon auraient ri de bon coeur.
Tout à coup la fée s’arrêta devant une mare qu’elle n’avait pas soupçonnée.
Puis, elle voulut en faire le tour et se trouva naturellement en face de Jeannin qui l’attendait de l’autre côté.
Elle rabaissa son voile sur son visage.
-Que voulez-vous de moi? dit-elle d’une voix qui tremblait un peu.
Le coeur de Jeannin battait, battait! Il répondit pourtant résolument, dans toute la naïveté de sa foi superstitieuse.
-Bonne fée, pardonnez-moi! Je veux cinquante écus nantais pour me marier avec Simonnette.
Et afin que la bonne fée ne lui jouât pas de mauvais tour (en ceci les quatre Mathurin et les quatre Gothon l’auraient hautement approuvé, ainsi que Simon Le Priol), il saisit la fée, tout en lui témoignant le plus grand respect, et la serra ferme. |
| | | | Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XI Course A La Fée. | |
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