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| Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XII Les Mirages. | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XII Les Mirages. Lun 18 Fév - 14:26 | |
| Rappel du premier message :
XII Les Mirages.
-Oses-tu bien m’arrêter, malheureux enfant! dit la fée en grossissant sa douce voix.
-Oh! bonne dame! bonne dame! répliqua Jeannin d’un accent larmoyant, mais en la serrant plus fort, tout le monde sait que je ne suis pas brave. Si je risque ma vie, c’est que je ne peux pas faire autrement, allez! -Et je si te la prenais, ta vie? -Bonne fée! je suis un poltron, c’est connu, mais on ne meurt qu’une fois, et j’aime mieux mourir que de voir Simonnette mariée à ce vilain coquin de Gueffès. -Lâche-moi! -Non pas, bonne fée! s’écria Jeannin, vivement; si je vous lâchais, vous vous changeriez en brouillard! -Mais je puis me venger sur Simonnette.
Jeannin frémit de tous ses membres.
-Voilà, par exemple, qui serait bien méchant de votre part! murmura-t-il, car Simonnette ne vous a rien fait, la pauvre fille! -Lâche-moi, te dis-je! - Écoutez, bonne fée, une fois pour toutes, je ne vous lâcherai pas que vous ne m’ayez donné cinquante écus nantais. C’est dit.
La fée avait laissé tomber son panier sur le sable. L’escarcelle du chevalier Méloir était à sa ceinture. |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XII Les Mirages. Lun 18 Fév - 14:28 | |
| Ceci mérite explication.
Si l’on a voulu dire que la marée partant des basses eaux, gagnait avec la rapidité d’un cheval qui galope, on s’est assurément trompé.
Si l’on a voulu dire, au contraire, qu’un cheval, partant du bas de l’eau en grande marée, aurait besoin de prendre le galop pour n’être point submergé, on n’a avancé que l’exacte vérité.
Cela tient à ce que la grève, plate en apparence, a, comme nous l’avons déjà dit, des rides, -des plans, suivant le langage des sculpteurs, -des endroits où la tangue cède d’une manière presque insensible, mais suffisante pour attirer le flot, justement à cause de l’absence de pente générale.
Ces défauts de la grève forment quand la mer monte, des espèces de rivières sinueuses qui s’emplissent tout d’abord et qu’il est très difficile d’apercevoir dès la tombée de la brune, parce que ces rivières n’ont point de bords.
L’eau qui se trouve là ne fait que combler les défauts de la grève.
De telle sorte qu’on peut courir, bien loin devant le flot, sur une surface sèche et être déjà condamné. Car la mer invisible s’est épanchée sans bruit dans quelque canal circulaire, et l’on est dans une île qui va disparaître à son tour sous les eaux.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XII Les Mirages. Lun 18 Fév - 14:28 | |
| C’est là un des principaux dangers des lises ou sables mouvants que détrempent les lacs souterrains.
À vue d’oeil, la mer monte, au contraire, avec une certaine lenteur, égale et patiente, excepté dans les grandes marées.
Cela ne ressemble en rien au flux fougueux et bruyant qui a lieu sur les côtes.
Ici, on ne voit à proprement parler, ni vague ni ressac, parce que la lame a été brisée mille fois depuis l’entrée de la baie jusqu’aux grèves et aussi sans doute parce que la marée ne rencontre aucune espèce d’obstacle.
C’est tout simplement le niveau qui monte et l’eau qui s’épanche en vertu des lois de la gravité.
Point d’efforts, point de luttes, point de montagnes chevelues, creusant leur ventre d’émeraude et jetant leur écume folle vers le ciel.
Pour peindre la grande mer et sa fureur, un peintre ne choisira certes jamais les alentours du Mont-Saint-Michel.
Mais qu’importe le mouvement, le fracas, la colère? Les gens qui frappent froidement et en silence tuent tout aussi bien et mieux que si la rage les emportait. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XII Les Mirages. Lun 18 Fév - 14:29 | |
| Le mouvement désordonné, le fracas, les menaces, en un mot, sont des avertissements, tandis que la tranquillité attire et trompe.
Plus d’un parmi ceux qui sont morts sous les sables a dû sourire en voyant la mer monter entre Avranches et le Mont. Pourquoi prendre garde à ce lac bénin qui s’enfle peu à peu et qui vient vous caresser les pieds si doucement.
Ce lac bénin a de longs bras qu’il étend et referme derrière vous. Prenez garde! Il était plus de deux heures de nuit lorsque la fée atteignit les roches noires qui forment la base du Mont-Saint-Michel.
La mer venait derrière elle. On l’entendait rouler de l’autre côté du Mont.
La fée s’assit sur un quartier de roc afin de reprendre haleine. Elle appuya ses deux mains contre sa poitrine pour comprimer les battements de son coeur.
De Saint-Jean-des-Grèves au Mont, il y a une grande lieue et demie. La fée, en parcourant cette distance, n’avait pas cessé un seul instant de courir.
Elle releva son voile pour étancher la sueur de son front et montra aux rayons de la lune cette douce et noble figure que nous avons admirée déjà dans la grande salle du manoir de Saint-Jean.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XII Les Mirages. Lun 18 Fév - 14:29 | |
| Puis elle tourna la base du roc et entra dans l’ombre sous la muraille méridionale de la ville.
Elle pouvait entendre en haut du rempart le pas lourd et mesuré du soldat de la garde de nuit qui veillait.
Ce n’était pas pour s’introduire dans la ville que notre fée prenait ce chemin, car elle passa derrière la Tour-du-Moulin, qui était la dernière entrée de la ville, et s’engagea dans des roches à pic où nul sentier n’était tracé.
Bien que la nuit fût claire, elle avait grand’peine à se guider parmi ces dents de pierre qui déchirent les mains et où le pied peut à peine se poser.
Elle allait avec courage, mais elle ne faisait guère de chemin.
Elle atteignit enfin une sorte de petite plate- forme au-dessus de laquelle un pan de pierre coupé verticalement rejoignait la muraille du château. Impossible de faire un pas de plus.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XII Les Mirages. Lun 18 Fév - 14:29 | |
| Mais la fée n’avait pas besoin d’aller plus loin, à ce qu’il paraît, car elle posa son panier sur le roc et s’approcha du pan de pierre.
Une sorte de meurtrière, taillée dans le granit même défendue par un fort barreau de fer, s’ouvrait sur la plate-forme.
La fée mit sa blonde tête contre le barreau.
-Messire Aubry! dit-elle tout bas.
-Est-ce vous, Reine? répondit une voix lointaine et qui semblait sortir des entrailles mêmes de la terre.
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| | | | Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XII Les Mirages. | |
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