PLUME DE POÉSIES
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 Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIX Le Départ.

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MessageSujet: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIX Le Départ.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIX Le Départ. - Page 2 Icon_minitimeLun 18 Fév - 15:40

Rappel du premier message :

XIX Le Départ.

Les soldats se mirent en devoir d’obéir à l’ordre de Morgan, mais ce fut à
contrecoeur. Ils avaient l’esprit frappé.

Dans la ferme, Jeannin et Simonnette étaient à genoux côte à côte.

Jeannin avait prié Simonnette de l’aider à dire sa dernière prière.

Simonnette pleurait, à chaudes larmes, mais Jeannin avait encore la force de
sourire, quand il la regardait.

Il priait de son mieux, demandant que sa mère eût une douce vieillesse, et
Simonnette une longue vie de bonheur.

Et vraiment, ainsi agenouillé, les yeux au ciel, ce petit Jeannin avait la
figure d’un ange.

Lorsque les soldats entrèrent il se releva.
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MessageSujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIX Le Départ.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIX Le Départ. - Page 2 Icon_minitimeLun 18 Fév - 15:41

Il y avait l’étoffe d’un beau soldat dans ce grand et fier jeune homme qui était
à genoux devant elle.

La main qu’on lui tendait, Julien Le Priol la baisa avec un enthousiasme
chevaleresque.

-Je ne suis qu’un paysan, s’écria-t-il, mais je sais un lieu où il y a des
épées, et si Maurever, mon seigneur, et sa fille ont besoin de mon sang, me
voilà! -Et moi aussi, me voilà! répéta gaillardement le petit Jeannin.

-Comment, toi, petiot! dit Reine, qui riait, attendrie, toi qui es plus poltron
que les poules! -Je ne suis plus poltron, notre demoiselle, répliqua Jeannin de
la meilleure foi du monde; je crois même que je suis brave! Depuis que j’ai vu
la mort face à face, je sais ce que c’est; je ne crains plus que le bon Dieu.
Quant au diable et aux soudards, eh bien, tenez, je m’en moque! Il rejetait en
arrière ses cheveux blonds d’un air mutin et ses yeux pétillaient.

Simonnette fut si contente de ce discours, qu’elle lui planta un gros baiser sur
la joue.
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-Et moi aussi, me voilà! s’écria-t-elle ensuite, et mon père, et ma mère, et
tout le monde ici! et tout le monde dans le village! Ah! Seigneur Jésus! que je
me battrais bien pour ma chère demoiselle! -Donc, me voici à la tête d’une
armée, dit Reine gaiement, ma première opération militaire sera de diriger un
convoi de vivres vers la retraite de monsieur Hue, que je n’ai pu joindre depuis
trois jours.

-Prenons tout ce qu’il y a dans la maison et partons! dit Julien.

Simon Le Priol et Fanchon s’étaient mutuellement interrogés du regard.

Ils étaient dévoués aussi, mais ils étaient gens d’âge.

-Bien parlé, fils, prononça Simon d’un ton ferme, quoique peut-être il eût été
mieux de consulter ton père.

-Mon père ne sait pas ce que je sais, répondit le jeune homme en se tournant
vers le vieux Le Priol; je me suis mêlé aux soldats tout à l’heure.
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MessageSujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIX Le Départ.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIX Le Départ. - Page 2 Icon_minitimeLun 18 Fév - 15:42

Cette vipère de Vincent Gueffès les a excités au mal. Ils disaient que le
village de Saint-Jean était un nid de traîtres, et que le mieux serait d’y
mettre le feu une de ces nuits.

-Ils sont les plus forts, murmura le vieillard en baissant la tête.

-Pas pour longtemps peut-être, poursuivit Julien, car je sais encore autre
chose. Pendant que le chevalier Méloir repose sa meute et s’apprête à mal faire,
il se dit d’étranges nouvelles du côté de la ville. Le duc François est malade
et chacun regarde sa maladie comme un châtiment infligé par Dieu au fratricide.
Un prêtre l’a dit en chaire dans l’église de Combourg. Si monsieur Hue voulait,
demain, il serait à la tête de dix mille bourgeois et paysans...
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MessageSujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIX Le Départ.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIX Le Départ. - Page 2 Icon_minitimeLun 18 Fév - 15:42

-Monsieur Hue ne voudra pas! interrompit Reine; Hue de Maurever est un
gentilhomme et un Breton. Il aimerait mieux mourir mille fois que de lever sa
bannière contre son souverain légitime! -Je vous le dis, notre demoiselle,
reprit Julien, les choses iront alors sans lui, et les soudards n’ont qu’à se
presser s’ils veulent avoir le temps d’incendier nos demeures. En attendant, si
mon père et ma mère acceptent pour fils ce petit gars-là (il tendit la main à
Jeannin), et j’en serai content, car il a un bon coeur sous sa peau de mouton
percée, m’est avis qu’il nous faut prendre le large, car, demain, il fera jour,
et toute cette ribaudaille, sonnant le vieux fer, n’a peur des lutins que la
nuit.

Fanchon, la ménagère, parcourut la ferme d’un regard triste.

-Voilà trente ans que je dors sous ce toit, murmura-t-elle: c’est ici que vous
êtes nés tous deux, mes chers enfants.

-C’est ici que mon père est mort, dit à son tour Simon Le Priol, et aussi le
père de mon père.
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MessageSujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIX Le Départ.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIX Le Départ. - Page 2 Icon_minitimeLun 18 Fév - 15:42

Sur ce lit, qui est là, j’ai fermé les yeux de ma mère. Écoute-moi, fils Julien,
et crois-moi: par intérêt, pour tout l’or de la terre, par crainte, avec la mort
devant mes yeux, je ne quitterais point la pauvre maison des Le Priol. Je m’en
vais hors d’ici parce que je veux montrer mes vieux bras à mon seigneur Hue de
Maurever, et lui dire: Voilà ce qui est à vous! Reine sauta au cou du vieillard
et l’embrassa comme s’il eût été son père. Puis elle embrassa la ménagère
Fanchon, qui essuyait ses yeux pleins de larmes.

Simonnette, le coeur gros et la main tremblante, caressait les deux belles
vaches, la Rousse et la Noire.

-Allons! Allons! dit le petit Jeannin qui grandissait en importance et prenait
voix au conseil, nous reviendrons, maître Simon, nous reviendrons, dame Fanchon.
Simonnette, ma mie, nous retrouverons la Noire et la Rousse. En route avant que
la chasse ne commence, ou nous pourrions bien rester en chemin! Ce mot frappa
tout le monde. Julien s’élança vers la partie de la salle qui servait d’étable.
Il appela de bonne amitié le petit Jeannin, son nouveau frère, et tous deux
revinrent bientôt avec trois arbalètes et trois épées. Les paniers des femmes
s’emplirent. Tout ce que la ferme avait de provisions y passa.
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MessageSujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIX Le Départ.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIX Le Départ. - Page 2 Icon_minitimeLun 18 Fév - 15:42

Tubleu! si vous saviez comme le petit Jeannin était considérable avec sa grande
épée au côté et son arbalète à l’épaule! Il cherchait d’instinct quelque chose à
friser au coin de sa lèvre.

Il est vrai qu’il n’y trouvait rien.

Quand tout fut prêt, Julien ôta les barricades de la porte.

C’était une caravane, vraiment, qui partait: Le père, la mère, Reine, Julien,
Simonnette et le petit Jeannin équipé en guerre.

On fut bien encore un quart d’heure à tourner pour ne rien oublier.

Puis le père Simon dit de sa plus grosse voix: -Partons! Mais il avait les yeux
mouillés, le vieil homme.

Quant à Fanchon, la ménagère, on fut obligé de l’entraîner. Elle s’était
agenouillée devant le crucifix de bois qui pendait à la ruelle du lit. Elle
disait: -Une minute encore, que j’achève ma prière.

C’était comme si on l’eût menée au supplice.
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MessageSujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIX Le Départ.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIX Le Départ. - Page 2 Icon_minitimeLun 18 Fév - 15:43

Et le petit Jeannin n’avait point fait tant de façons pour aller sous le
pommier.

Enfin, tout le monde était dehors. Simon referma sa porte et donna sa maison à
la garde de Dieu.

Les bestiaux étaient libres dans le pâtis.

La caravane se mit en marche.

Jeannin faisait l’avant-garde, comme de raison. Les trois femmes venaient
ensuite. Simon et Julien formaient l’arrière-garde.

Au premier détour du chemin, Jeannin reconnut, contre la haie, l’ombre longue et
mal bâtie de maître Vincent Gueffès.

Il épaula vivement son arbalète. Mais le Normand perça la haie et se sauva en
criant: -Bon voyage!
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