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| Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXV Gueffès S’En Va En Guerre. | |
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| Sujet: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXV Gueffès S’En Va En Guerre. Lun 18 Fév - 16:09 | |
| XXV Gueffès S’En Va En Guerre.
Méloir arrêta son cheval et regarda Vincent Gueffès.
Celui-ci ne baissa point les yeux.
Méloir était pâle; des gouttes de sueurs perlaient à ses tempes.
-C’est comme si je vendais mon âme à Satan, murmura-t-il; mais peu importe! Tu auras les cent écus d’or, la tête du petit Jeannin et la jolie Simonnette.
-Quels sont mes gages? -Ma foi de chevalier que je te donne.
Vincent Gueffès aurait peut-être préféré autre chose, mais il n’osa pas le dire.
-La foi d’un illustre chevalier tel que vous, répliqua-t-il, vaut toutes les garanties du monde.
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| Sujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXV Gueffès S’En Va En Guerre. Lun 18 Fév - 16:09 | |
| Il toucha son cheval pour se mettre sur la même ligne que Méloir et reprit: -Le traître Maurever a maintenant de la compagnie. Les gens du village ont été le rejoindre, après que vos soldats... car ce sont bien vos soldats qui ont mis le feu, messire! Moi, j’ai fait tout ce que j’ai pu pour les en empêcher...
-Je m’en fie à toi, maître Vincent! -Je suis un homme de paix, messire, et cette catastrophe m’a gravement saigné le coeur. Nous trouverons donc, disais-je, auprès du traître Maurever, les manants du village de Saint-Jean, plus sa fille Reine, qui se moqua si bien de vous l’autre nuit, en coupant les cordons de votre escarcelle...
-C’était Reine! s’écria Méloir.
-Elle aurait pu vous donner de votre propre dague dans la gorge, messire, et les rieurs seraient restés de son côté. Je continue: nous trouverons probablement aussi cette bouture de chevalier, messire Aubry de Kergariou.
-Celui-là, que Dieu le confonde! -Amen! mon cher seigneur! En conséquence, ce n’est plus une meute qu’il nous faut, mais une armée.
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| Sujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXV Gueffès S’En Va En Guerre. Lun 18 Fév - 16:09 | |
| -Une armée! dit Méloir en haussant les épaules, une armée pour réduire deux douzaines de patauds et quelques femmes. Sont-ils donc dans une forteresse? - Oui, messire, répondit Gueffès.
-Ils ne sont pas au couvent du mont Saint- Michel, je pense! s’écria Méloir.
Gueffès secoua la tête en ricanant.
-Ma foi, répondit-il, s’ils n’y sont pas, c’est qu’ils n’y veulent point être; car votre duc François est terriblement en baisse parmi les bons moines. Mais, enfin, ils n’y sont pas. Seulement, des murs du couvent qui dominent la ville, on les voit assez bien...
-Ils sont à Tombelène! -Vous l’avez dit, messire. On les voit assez bien remuer leurs roches et clore leur enceinte. Il y a de bons bras parmi eux, mon cher seigneur, et de bonnes têtes, car leur petit fort prend tournure.
-Hommes d’armes! cria Méloir: au galop! Les lourds chevaux frappèrent le sable en mesure. On passait devant le bourg de Saint- Georges. |
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| Sujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXV Gueffès S’En Va En Guerre. Lun 18 Fév - 16:09 | |
| Gueffès, quoique un peu maquignon, n’était pas un écuyer de première force.
Il se prit à la crinière de sa monture et galopa ainsi aux côtés de Méloir.
Plusieurs fois il voulut poursuivre la conversation, mais le mouvement de son cheval et le vent de la grève lui coupaient la parole.
Quand la cavalcade traversa le lieu où le pauvre village de Saint-Jean élevait naguère ses huit ou dix chaumines, Méloir détourna la tête.
Vincent Gueffès pensait: -Toutes ces bonnes gens se moquaient de moi. On riait quand je passais. Les enfants disaient: voici venir la mâchoire du Normand...
la mâchoire avait des dents, elle a mordu, voilà tout.
Et il regardait les places noires qui marquaient l’incendie.
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| Sujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXV Gueffès S’En Va En Guerre. Lun 18 Fév - 16:24 | |
| C’était un coquin sans faiblesse, n’ayant pas plus de nerfs que de coeur.
Placé comme il faut, au temps qui court, il eût été loin, ce maître Vincent Gueffès! La troupe de Méloir était campée maintenant dans la cour du manoir de Saint-Jean. Les hommes d’armes occupaient la salle où nous avons assisté à ce triomphant souper de la première nuit.
Les choses avaient beaucoup changé depuis lors, à ce qu’il paraît, bien qu’on ne fût séparé de ce fâcheux souper que par quarante-huit heures à peine.
Dans la cour, les soudards et archers vous avaient une contenance mélancolique. Bellissan, le veneur, lui-même grondait, sans motif aucun, ses grands lévriers de Rieux.
Il était pourtant arrivé dans la journée sept ou huit lances de Saint-Brieuc avec leur suite.
-Holà, qu’on se prépare à partir! cria Méloir en entrant dans la cour.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXV Gueffès S’En Va En Guerre. Lun 18 Fév - 16:46 | |
| Car, l’histoire, si variable en ses autres enseignements, ne s’est jamais démentie sur ce fait: les princes à qui la Pensée religieuse a déclaré la guerre sont perdus: Soit qu’une excommunication tombe sur leur tête rebelle des hauteurs du Vatican, soit que la conscience populaire se mette aux lieu et place des foudres de l’Église.
Ici, c’était la voix du sépulcre qui s’était élevée, et la voix des morts, comme la voix du pape ou la voix du peuple, est la voix de Dieu.
Au moment où le chevalier Méloir passait le seuil de la salle où étaient rassemblés ses hommes d’armes, une discussion très vive et très échauffée cessa brusquement.
Méloir n’en put entendre que quelques mots; mais ce qui suivit fut une explication parfaitement suffisante.
Kéravel et Fontebrault se levèrent en même temps à son approche.
-Messire, lui dit Kéravel; je m’en vais retourner à mon manoir du Huelduc, devers Hennebon, sauf votre bon vouloir.
-Et pourquoi cela? demanda le chevalier en fronçant le sourcil. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXV Gueffès S’En Va En Guerre. Lun 18 Fév - 16:46 | |
| -Parce que mes moissons se font mûres, répondit le brave homme d’armes avec embarras.
-Du diable si tu te soucies de tes moissons, toi, Kéravel! Mais va-t’en où tu voudras, tu es libre.
-En vous remerciant, messire.
Kéravel tourna les talons -Et toi, Fontebrault, dit Méloir, est-ce que tu aurais aussi fantaisie d’aller voir mûrir tes seigles? -J’ai reçu avis, répliqua gravement Fontebrault, que madame ma femme est en voie de délivrance.
-Sarpebleu! s’écria Méloir; c’est affaire du médecin-chirurgien, mon compagnon.
-Sauf votre bon vouloir, messire, je vais m’en retourner du côté de Lamballe, où est ma demeure.
-Sarpebleu! sarpebleu! Fontebrault prit congé.
Méloir jeta un regard oblique sur les hommes d’armes qui restaient.
Il vit Rochemesnil qui se levait. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXV Gueffès S’En Va En Guerre. Lun 18 Fév - 16:46 | |
| -Toi, tu n’as ni moissons ni femme, Rochemesnil! s’écria-t-il; je te préviens qu’il y a bataille cette nuit. Si tu veux t’en aller après cela, honte à toi! - S’il y a bataille, je reste, repartit Rochemesnil; mais après la bataille, je m’en vais.
-Où ça? -Devers Guérande, où feu monsieur mon cousin Foulcher m’a laissé des salines sous son beau château de Carheil.
Méloir se laissa choir sur l’unique fauteuil qui fût dans la salle.
-Sarpebleu! sarpebleu! sarpebleu! grommela-t-il par trois fois.
Et c’était preuve d’embarras majeur.
-En sommes-nous donc là déjà? reprit-il; je croyais que nous avions encore, au moins, une vingtaine de jours devant nous.
Comme on le voit, entre lui et les autres, ce n’était qu’une question de semaines.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXV Gueffès S’En Va En Guerre. Lun 18 Fév - 16:46 | |
| Il demeura un instant pensif; puis il se redressa tout à coup.
-Allons! Rochemesnil, dit-il, va-t’en voir les salines que t’a laissées feu monsieur ton cousin Foulcher de Carheil et que le diable t’emporte! Rochemesnil ne se le fit pas répéter.
Méloir regarda ceux qui restaient.
-Voilà les brebis parties, s’écria-t-il. Il ne reste plus céans que les loups. Sarpebleu! mes fils, une dernière danse et qu’elle soit bonne! Après, s’il le faut, nous aurons toute une quinzaine pour faire notre paix avec le futur duc, que saint Sauveur protège! ajouta-t-il en touchant la toque qui remplaçait, sur sa tête, le casque conquis par Aubry de Kergariou.
Ce bout de harangue fit un assez bon effet.
Péan, Coëtaudon, Kerbehel, Corson, Hercoat et d’autres encore se levèrent et dirent; -Nous sommes prêts.
-Donc, commençons le bal! ordonna Méloir.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXV Gueffès S’En Va En Guerre. Lun 18 Fév - 16:46 | |
| Chacun s’arma.
On ne laissa pas un seul soldat au manoir.
Bellissan fut chargé d’emmener les lévriers qu’on devait parquer sous la chapelle Saint- Aubert au mont Saint-Michel, afin de couper la retraite aux proscrits s’il s’avisaient de vouloir tenter la fuite à travers les grèves.
À la nuit tombante, la cavalcade sortit du manoir, suivie par les archers et les soldats en bon ordre.
Maître Gueffès était de la partie.
Son souhait se trouvait, du reste, accompli.
C’était une véritable armée, une armée trois fois plus forte qu’il ne fallait, selon toute apparence, pour réduire les pauvres gens réfugiés à Tombelène.
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| | | | Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXV Gueffès S’En Va En Guerre. | |
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