PLUME DE POÉSIES
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 Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXX Où Maître Vincent Gueffès Est Forcé D’Admettre L’Existence De La Fée Des Grèves.

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MessageSujet: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXX Où Maître Vincent Gueffès Est Forcé D’Admettre L’Existence De La Fée Des Grèves.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXX Où Maître Vincent Gueffès Est Forcé D’Admettre L’Existence De La Fée Des  Grèves. - Page 2 Icon_minitimeLun 18 Fév - 17:58

Rappel du premier message :

XXX Où Maître Vincent Gueffès Est Forcé D’Admettre L’Existence De La Fée Des
Grèves.

Un quart d’heure à disparaître! Certes, il est difficile de se représenter une
plus terrible agonie! Car une fois que les jambes sont prises à une certaine
hauteur, les efforts de l’homme le plus robuste sont vains et ne servent qu’à
hâter l’immersion complète.

Le corps fait son trou lentement... lentement! Le sable monte, emprisonnant les
membres, moulant chaque pli de la chair, les jambes, le torse, la tête.

On dit encore, car il y a bien des on-dit sur ces côtes, qu’il suffirait
d’étendre ses deux bras en croix pour arrêter la submersion à la hauteur des
aisselles. Mais la mer est là-bas. Un demi-pied de mer va noyer cette pauvre
tête qui respire encore au-dessus des sables.

Ce bruit qui avait arrêté le chevalier Méloir dans sa marche, les fugitifs
l’avaient entendu tout comme lui.

Quand la cavalcade se fut éloignée, le petit Jeannin prit la parole avec
précaution.
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MessageSujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXX Où Maître Vincent Gueffès Est Forcé D’Admettre L’Existence De La Fée Des Grèves.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXX Où Maître Vincent Gueffès Est Forcé D’Admettre L’Existence De La Fée Des  Grèves. - Page 2 Icon_minitimeLun 18 Fév - 18:03

Le vieux Maurever est un matois. Il aura pris à gauche du Mont pour se trouver
tout de suite le plus près possible de la protection française.

-Oh! hé! cria Bellissan, le gros de la bande a pris à droite du mont Saint-
Michel. Allez, chiens, allez! Il pouvait y avoir du bon dans l’avis de maître
Vincent Gueffès; mais le lévrier de Bellissan le veneur entraîna tous les
autres, et maître Gueffès resta seul. Il s’arrêta un instant indécis.

Dans les sables, par le brouillard, il n’est pas permis de réfléchir.

Quand maître Vincent Gueffès se ravisa et voulut suivre la troupe de Méloir, il
n’était déjà plus temps. Aucun bruit n’arrivait à son oreille.

Il tourna sur lui-même pour s’orienter! Seconde imprudence.

Par le brouillard, dans les sables, il ne faut jamais tourner sur soi-même, à
moins qu’on n’ait dans sa poche une boussole.

On perd, en effet, absolument le sens de la direction et dès qu’on l’a perdu,
rien ne peut le rendre.

Il n’y a là aucun objet extérieur qui puisse servir de guide.

Les gens du pays égarés dans la brume se dirigent quelquefois, quand ils se
voient réduits à ces extrémités, par l’inclinaison des paumelles ou petites
rides de sable que le reflux laisse sur la grève. Ils ont remarqué que ces
paumelles s’élèvent à pic du côté de la terre, et gardent au contraire du côté
de l’eau une pente douce et presque insensible.
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MessageSujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXX Où Maître Vincent Gueffès Est Forcé D’Admettre L’Existence De La Fée Des Grèves.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXX Où Maître Vincent Gueffès Est Forcé D’Admettre L’Existence De La Fée Des  Grèves. - Page 2 Icon_minitimeLun 18 Fév - 18:04

Mais outre que cette règle est fort loin d’être générale, il n’y a que certains
endroits des grèves où le sable soit assez pur pour former ces paumelles.

La marne, qui est presque partout un des éléments de la tangue, résiste au flot
et garde son plan.

Maître Gueffès était justement en un lieu où il n’y avait point de paumelles.

Il se baissa pour examiner les traces. Les traces se mêlaient maintenant en tous
sens; chaque pas formait un trou arrondi dans ce sable mou et prompt à
s’affaisser.

Maître Gueffès était absolument dans la position d’un homme qui joue à colin-
maillard.

La bravoure n’était pas son fait.

Il eut peur, et se prit à courir en suivant au hasard une des lignes de pas qui
partaient du centre où les deux troupes, les fugitifs d’abord, puis les hommes
de Méloir, s’étaient successivement arrêtées.

Oh! le pauvre Normand! s’il avait su ce qui l’attendait au bout du chemin, il
n’aurait pas couru si vite! Il est notoire que la Fée des Grèves n’aime pas ceux
qui doutent d’elle.
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MessageSujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXX Où Maître Vincent Gueffès Est Forcé D’Admettre L’Existence De La Fée Des Grèves.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXX Où Maître Vincent Gueffès Est Forcé D’Admettre L’Existence De La Fée Des  Grèves. - Page 2 Icon_minitimeLun 18 Fév - 18:04

Il est connu que la Fée des Grèves étrangle volontiers dans un coin ceux qu’elle
n’aime pas.

Les fées sont du reste presque toutes comme cela, les fées bretonnes surtout.

Or, la Fée des Grèves glisse dans le brouillard comme dans la nuit.

La trace que suivait maître Vincent Gueffès se trouvait être par hasard celle du
petit Jeannin, Fée des Grèves par intérim.

Tout en marchant, maître Vincent Gueffès se rassurait un peu et il se disait: -
C’est une journée de cent écus nantais, plus Simonnette, sans parler du petit
scélérat de coquetier, qui sera pendu cette fois pour tout de bon! Le chevalier
Méloir m’a promis tout cela.

Laissons faire, l’heure du déjeuner vient. Si je gagne le Mont, j’ôterai mon
bonnet, et je mangerai la soupe des bons moines pour l’amour de Dieu.

Justement, un son grave et vibrant perça le brouillard.

Maître Vincent poussa un cri de joie.

C’était la cloche du monastère. Il était à cent pas du Mont.
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MessageSujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXX Où Maître Vincent Gueffès Est Forcé D’Admettre L’Existence De La Fée Des Grèves.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXX Où Maître Vincent Gueffès Est Forcé D’Admettre L’Existence De La Fée Des  Grèves. - Page 2 Icon_minitimeLun 18 Fév - 18:07

-Laissons faire! laissons faire! reprit-il, en se frottant les mains: Jeannin
pendu, Simonnette que voilà devenue ma femme, et cent écus d’or! Une forme
indécise passa près de lui, si près qu’il sentit comme un frôlement.

Une robe de femme! il n’y avait pas à s’y tromper! On peut fuir un homme, quand
on a le caractère prudent. Mais une femme! Maître Gueffès, devenu brave tout à
coup, s’élança en avant. Ce pouvait être Simonnette, ce pouvait être
mademoiselle Reine.

Bonne prise, dans tous les cas! Au bout d’une vingtaine d’enjambées, il vit le
brouillard s’ouvrir. Le roc noir de Saint-Michel était devant lui.

C’était hors des murailles de la ville, en un lieu sauvage et sombre que
surplombent les contreforts du monastère.

Sous les fondations, entre les roches énormes, il y avait une femme, la forme
que maître Gueffès avait vue passer dans la brume.

Bonne prise! oh! bonne prise! maître Vincent Gueffès reconnut les vêtements de
Reine de Maurever.

Et derrière son voile, il reconnut aussi ses cheveux blonds bouclés, qui
brillaient au soleil.

Il s’approcha tortueusement.

De l’autre côté des rochers, il y avait de pauvres pêcheurs qui faisaient sécher
leur filets.
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Ils avaient bien reconnu la Fée des Grèves pour l’avoir vue souvent glisser, la
nuit, sur le sable, depuis que monsieur était caché à Tombelène.

Ils se dirent: -Voilà le Normand Gueffès qui va attaquer la Fée. Sorcier contre
lutin: voyons la bataille! La bataille ne fut pas longue. Il paraît que les fées
sont plus fortes que les Normands.

Dès le commencement du combat, maître Gueffès devint fou, car on l’entendit
crier: -Jeannin, petit Jeannin! pitié! pitié! Qu’avait-il à faire là-dedans
Jeannin, le petit coquetier des Quatre-Salines? La Fée prit, cependant, Gueffès
par le cou et l’entraîna dans le brouillard.

Il se débattait, le malheureux! La Fée et lui disparurent derrière la brume.

Quand le brouillard se leva, vers midi, les pêcheurs trouvèrent maître Vincent
Gueffès étendu sur le sable, la Fée lui avait tordu le cou.

Il faut se méfier. Chacun savait que maître Gueffès, quand il avait les pieds
dans les cendres, et le piché au coude, parlait trop à son aise de la Fée des
Grèves.

Il faut se méfier. Se taire est le mieux. Mais si vous avez à parler d’elle,
dites toujours la bonne fée, ou ne passez jamais en grève...
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