Le retour de Pierrette
20 novembre 1905
Depuis longtemps déjà qu'elle avait disparu
Pierrot ne songeait plus à sa douce Pierrette
Il disait en riant son amour imprévu
N'a duré qu le temps d'une folle amourette
Le Plaisir l'appela, écoutant ses accords
Et voulant oublier ses misères passées
Il partit le coeur gai et l'âme sans remords
Vers le palais du rêve aux chères hyménées
Mais un jour le plaisir aux joyeuses clameurs
Ne chanta plus hélas ses chansons éphémères
Et Pierrot chancelant sous le poids des douleurs
S'enfuit loin de la joie emportant ses chimères
Il partit loin du bruit au sein de la forêt
Et dans les murs glacés d'une sombre demeure
Seul avec sa tristesse il vécut en secret
Espérant dans la vie une place meilleure
C'est là que je l'ai vu, des larmes plein les yeux
Ecrire du passé les pages d'espérance
C'est là que j'ai trouvé un être malheureux
Se traîner languissant au seuil de l'existence
Il pleurait les beaux jours où la franche gaieté
Chante aux coeurs des amants son langage suprême
Il pleurait les douleurs de ce temps regretté
Le temps de la jeunesse et le temps où l'on aime
Tout à coup les échos de la brise du soir
Apportèrent au seuil de la demeure sombre
Un murmure, une plainte, un cri de désespoir
Et près de lui, Pierrot crut voir passer une ombre
Dans le calme profond de la grande forêt
Une voix murmurant une faible prière
Dit dans l'isolement j'ai suivi le regret
Ecoute cher Pierrot c'est la voix qui t'est chère
C'est la voix de Pierrette elle t'aime toujours
Peut-être dans ton coeur des pages effacées
Ne gardent plus le feu de nos tendres amours
Dis-moi ces pages d'or sont-elles oubliées
Vois de mes yeux rougis les pleurs du repentir
S'échappent tristement sur ma lèvre expirante
En songeant au passé tu dois te souvenir
Des pleurs qui disent tout d'une voix si touchante
Pierrot depuis ce jour d'un style harmonieux
Ecrit pour l'avenir les lois de l'existence
Et quand Pierrette pleure il ouvre sous ses yeux
Le livre des amours au doux mot Espérance.
Honoré HARMAND