C'était un rêve
Les visions du passé
(corrigé de fin 1905)
2 février 1906
Que de fois dans la vie oubliant mes douleurs
N'ai-je pas écouté une trompeuse chimère
Amante à la gloire éphémère
Comme la gaieté dans nos coeurs
Ce soir je suis heureux, pourquoi je ne sais pas
Le rêve m'a touché de sa douce caresse
Et semble éclairer ma détresse
Dans l'obscurité du trépas
Dans la nature en fête où règne le plaisir
La mort ne chante plus et son image noire
A confondu dans ma mémoire
La tristesse et le souvenir
D'où viennent ces accords est-ce un monde nouveau
Qui d'un dieu ignoré célèbre les louanges
Ou la voix des spectres étranges
Qui surgissent de leur tombeau
D'où viennent ces concerts, ces accents inconnus
On dirait le frisson de mes amours passées
Pages trop vite effacées
Du temps qui ne reviendra plus
C'est la voix qui m'est chère annonçant le retour
Des serments oubliés et de nos rêves roses
Quand elle disait mille choses
A mon coeur enivré d'amour
Toi qu'un fatal oubli chassa vers d'autres cieux
Reviens me dire encor ton langage suprême
Viens sécher sur ma face blême
Les pleurs échappés de mes yeux
Déjà tu disparais, pour ne plus revenir
Tout commence ici bas mais hélas tout s'achève
Ma gaieté n'était qu'un beau rêve
Et mon amante un souvenir
Honoré HARMAND