Le Pardon de Pierrette
4 septembre 1906
Pierrot je t'écris sans retard
Cette lettre où ton doux regard
Saura lire combien je t'aime
Oublions les jours malheureux
Reviens, pour rêver sous les cieux
Près de moi, dans la nuit suprême
Je sais reconnaître mes torts
Que veux-tu même les plus forts
Devant les désirs qui les tentent
Succombent, ainsi notre coeur
Sait se griser du faux bonheur
Et des ivresses qui nous mentent
Pour un autre amant fortuné
Pauvre Pierrot je t'ai quitté
Pourrais expliquer ma folie
Hélas il est des miséreux
Qui savent bien se rendre heureux
Parce qu'ils ignorent l'Envie
Pierrot dis-moi pardonnes-tu
Peut-être le temps disparu
Touchera-t-il ton indulgence
Ou bien la porte du logis
Est-elle close aux ennemis
Marqués de ton indifférence
Peut-être aussi d'autres amours
Ont-ils remplacé les beaux jours
Où nous vivions notre doux rêve
Et dans la chambre où tu m'aimais
Le Passé n'aura-t-il jamais
Le souvenir de l'heure brève
Je sais reconnaître mes torts
Que veux-tu même les plus forts
Devant les désirs qui les tentent
Succombent. Ainsi notre coeur
Aime à goûter le faux bonheur
Des folles ivresses qui mentent
Honoré HARMAND