La réponse de Pierrette
24 septembre 1906
(Air « la lettre du gabier »)
À l'ami Daniel DEMORIAC
Pierrot notre amour est bien mort
Et je t'abandonne à ton sort
D'un riche je suis la maîtresse
Il me pare de beaux bijoux
Il me comble de plaisirs fous
Et de caresses
Nous pouvions vivre tous les deux
Comme les gens les plus heureux
Mais ton coeur écoutait le doute
Il est comme un glaive tranchant
Il frappe et devient très méchant
Quand on l'écoute
A présent j'habite un palais
J'ai des servantes des valets
On m'écoute comme une reine
Tâche Pierrot de m'oublier
Car je ne puis que te laisser
Seul à ta peine
N'écoute pas les rêves d'or
Crois moi écoute moins encor
Le murmure de leur mensonge
Tout ce qu'il te fait espérer
Ne saurait jamais exister
Que dans un songe
Pierrot notre amour est bien mort
Et je t'abandonne à ton sort
D'un riche je suis la maîtresse
Je n'aime plus que les bijoux
Que me donnent les amants fous
De ma caresse.
Dédiés à mon ami DEMORIAC pour être chantés dans un prochain concert.
Sentimental et d'une diction parfaite il ne pourra qu'ajouter à l'attrait de la
poésie son talent si personnel et si aimé des coeurs féminins par sa sensibilité
et sa voix si enveloppante par sa douceur et sa nébulité de rêve.
Honoré HARMAND