Le chrysanthème Version 1937
O ! Fleur pâle ornement des images d'automne
Sans parfum qui nous grise, aussi sans volupté
Quand je te vois t'ouvrir la gaieté m'abandonne
Mais tu souris toujours sous le ciel attristé.
Tu fleuris quand tout meurt dans la nature entière.
Quand d'un feuillage d'or les arbres sont parés
Tu fleuris quand la rose à son heure dernière
Effeuille tristement ses pétales fanés.
Dans les jardins en deuil ta frileuse parure
Jette une note gaie et sur les tapis d'or
Par l'automne étendus, tes rameaux de verdure
Font croire que l'hiver est loin de nous encor.
Sur les tombeaux glacés tu remplaces les roses
Quand chaque fleur se fane au baiser des brouillards
Tu figures partout et dans les chambres roses
Et dans les grands salons et sur les corbillards.
N'es-tu pas, par ta grâce et par ta modestie
La fleur qui plaît aux yeux parmi toutes les fleurs.
Puisqu'au sein de la mort tu fais briller la vie
Comme un rayon d'espoir brille au sein des douleurs.
Honoré HARMAND