Mon vieux clocher
10 février 1946
Quand viendra mon heure dernière
Surtout n'allez pas reprocher
A mon fidèle et vieux clocher
De murmurer une prière.
De mon baptême il fut témoin
Et si j'ai bonne connaissance,
Comme je l'aimais, dans l'enfance
O! Combien cette histoire est loin.
Et pour fêter mon mariage
J'ai senti qu'il enflait sa voix.
Hélas ! Je parle d'autrefois :
Qu'il était doux son bavardage.
Aux mauvais jours on pense guère ;
Mais lui doit bien se souvenir
Quand les cloches semblaient souffrir
D'annoncer une affreuse guerre.
Mais aussi, c'est d'une autre voix
Qu'elles chantèrent la victoire
Quand les Français couverts de gloire
Revinrent, fiers de leurs exploits.
Mon vieux clocher parle en personne
Au poète qui l'a compris.
Et combien de gens m'ont surpris
L'invoquer comme une madone.
Honoré HARMAND