Sans titre (manque le début)
Septembre 1906
Ils voient s'enfuir tout leur bonheur
Ah combien pénible est le rêve
Qui leur rappelle la grandeur
D'honnêtes ils deviennent lâches
Quand l'hiver de ses doigts frileux
Soulève les toiles, les bâches
Où dorment leurs corps souffreteux
Souvent par les nuits sans étoiles
Ils bercent ensemb'leur douleur
Mais au matin de sombres voiles
S'étendent noirs sur leur grandeur.
A la morgue puis au cim'tière
Par d'autres gueux ils sont conduits
Ils vont d'un repos salutaire
Dormir dans le calme des nuits
C'est ainsi que le gueux succombe
Sous le poids trop lourd du malheur
C'est ainsi que tout passe et tombe
La richesse, ainsi qu'la grandeur.
Riches qui passez dans la rue
Serrez la main des malheureux
Quand l'heure suprême est venue
Vous êtes forcés d'partir comme eux
La mort n'vous fait pas d'sacrifice
L'Egalité dans tous les coeurs
Voilà c'qu'on appell'la justice
Dans le tombeau y'a plus d'grandeur.
Honoré HARMAND