Juliette
Elle est belle, ma Juliette,
Belle comme un petit amour,
Comme un beau rêve de poète,
Comme un premier rayon du jour!
Ses jolis doigts, sa main mignonne,
Son front candide et radieux
Qu'entoure comme une couronne
Les boucles d'or de ses cheveux!
Son air mutin, son cou d'albâtre,
Le frais contour de ses bras blancs,
Son pied petit, mignon, folâtre,
Perdu sous des plis ondulants!
Sa taille svelte et ravissante,
Sa bouche au céleste souris,
Sous sa paupière caressante,
Son oeil, son regard de houris!
Ses dents plus blanches que l'ivoire,
Tout jusqu'à sa belle pâleur,
Rien ne quittera ma mémoire:
Son image est là, dans mon coeur!
Pour moi c'est la douce lumière
Qui réjouit le prisonnier,
L'étoile qui, sur l'onde amère,
La nuit guide le nautonnier!
C'est l'arc-en-ciel après l'orage;
C'est un premier rayon d'Été...
Et toujours, devant cette image,
Mon sein frémit de volupté.
Son nom je crois toujours l'entendre
Dans les refrains du marinier,
Dans la chanson suave et tendre
De l'oiseau sous le maronnier,
Dans les brises si parfumées,
Dans les roucoulements du vent,
Dans le frizelis des ramées
Berçant leur panache mouvant,
Dans les harmonieuses lames
Murmurant sur le sable d'or,
Dans le chant cadencé des rames
Frappant la vague qui s'endort...
Elle est belle, ma Juliette,
Belle comme un petit amour,
Comme un beau rêve de poète,
Comme un premier rayon du jour!