Un petit mot d'amour
Souffle divin des anges,
Voix des douces mésanges,
Orgue du bois mouvant,
Frais écho de la rive
Qui, le soir, nous arrive,
Sur les ailes du vent!
Sons des harpes lointaines,
Murmures des fontaines
Sur l'émail des cailloux,
Chansons aériennes
Des brunes indiennes
Sur l'onde des bayous!
Chant des fraîches cascades
Sous les vieilles arcades
Des antiques manoirs,
Barcarolle touchante
Que sur son balcon chante
L'Andalouse aux yeux noirs!
Soupirs, brises, murmures,
Vibrant sous les ramures,
À la chute du jour!...
Rien ne vaut l'harmonie,
La douceur infinie,
D'un petit mot d'amour.
Mon rêve rose
Lorsque le soir morose
S'endort à son couchant,
Berce, ô mon rêve rose,
Berce mon front penchant!
Lorsque j'entends sonner les heures
Qui comptent mes jours et mes nuits;
Quand, ô ma pauvre âme, tu pleures,
Sous le poids des tristes ennuis;
Même quand le regret y pose
Son aiguillon d'airain,
Toujours un rêve rose
Berce mon coeur trop plein!
Aux coupes de ma destinée,
Enfant, je demandais du miel,
Et sur mes lèvres chaque année
Ne vient déposer que du fiel;
Pourtant lorsque le soir morose
S'endort à son couchant,
Toujours un rêve rose
Berce mon front penchant!
J'ai poursuivi mainte chimère;
J'ai voulu goûter aux plaisirs,
Et, comme un mirage éphémère,
Leur fuite a trompé mes désirs...
Pourtant quand le regret y pose
Son aiguillon d'airain,
Toujours un rêve rose
Berce mon coeur trop plein!
Quand mon front est morose,
Quand mon oeil a des pleurs,
Viens, ô mon rêve rose,
Viens charmer mes douleurs!
La foi, l'espérance et la charité
Un jour on m'avait dit: Ne crois rien sur la terre!
Le sceptique est le sage, et le hasard est roi;
La raison, devant lui, doit plier et se taire;
Douter, douter de tout, c'est la suprême loi!
Et moi, je me suis dit: Le sceptique est infâme!
Et mon esprit n'a pas douté;
Car, moi, dans le coeur d'une femme,
J'ai su trouver la Vérité!
Je désirais l'honneur, la gloire et la fortune!
Le faste des heureux avait séduit mon coeur!
Et mes illusions, se brisant une à une,
Me jetèrent au front un sarcasme moqueur!
Je détestais la vie... et pourtant, pour mon âme,
Le ciel n'a jamais été noir;
Car, moi, dans le coeur d'une femme,
J'ai su retrouver de l'Espoir!
Plus tard, quand j'entrevis les horreurs de la vie,
Je m'arrêtai pensif, et je tremblai d'effroi...
Mais bientôt, au contact des haines, de l'envie,
Je devins égoïste, et mon coeur avait froid.
Pourtant je n'ai jamais perdu la sainte flamme
Que l'Éternel y mit un jour;
Car, au fond du coeur d'une femme,
Mon âme a su trouver l'Amour!
Ange envoyé du ciel pour calmer la souffrance,
La femme, c'est la Foi qui charme nos douleurs!
La femme, c'est l'Espoir qui soutient l'existence!
La femme, c'est l'Amour qui dore nos malheurs!
Souvent un coeur blasé qu'un suicide réclâme,
Quand il voit tout s'éteindre en soi,
Trouve dans le coeur d'une femme,
L'Amour, l'Espérance et la Foi!