La Dernière Iroquoise
I
Nous sommes sur les bords du Saint-Laurent sauvage.
Le fleuve, déployant l’orbe de son rivage,
En gracieux ovale épanche son flot pur.
Avec ses roseaux verts chantant comme une harpe,
La rive se déroule en amoureuse écharpe
Encadrant un miroir d’azur.
Du fond de la forêt montait des voix sans nombre.
Connue un oeil entr’ouvert au fond de la nuit sombre,
La lune, projetant ses longs rayons blafards,
Découpe des grands pins les rainures étranges,
Dont l’ombre se dessine eu gigantesques franges
Flottant parmi les nénuphars.
L’oiseau de nuit, quittant sa pose taciturne,
S’envole en tournoyant, et sa clameur nocturne
Eveille des grands bois l’écho retentissant.
Tout est calme; et pourtant, dans le couchant rougeâtre,
Sinistre précurseur, un nuage grisâtre
Etend son voile menaçant.