Et ce mot-là devait peser d’un poids terrible sur sa destinée.
Grâce à lui, le jeune homme respectable et bien mis, plein de force et
d’espérance, qui l’avait prononcé, vit tout s’écrouler autour de lui.
Il manqua sa carrière, perdit sa fortune et même son nom, traîna durant
soixante ans une existence de paria, et mourut fou.
Voici ce qui était arrivé.
Un gamin - il y en a toujours dans ces circonstances-là - qui avait
entendu l’exclamation malencontreuse, frappé de la consonance des mots
grelot et chapeau, se mit à fredonner, sans malice, mais sur un ton quelque
peu gouailleur:
Satané grelot!
Qu’a bossué mon chapeau!
Satané grelot!
Qu’a bossué mon chapeau!
Michel, qui n’était pas d’humeur à goûter la plaisanterie, se fâcha,
interpella le gamin, voulut lui imposer silence.
Ce fut bien pire.
L’incident tourna en charivari.