Louise
Légende canadienne
« With stern-resolved despairing eye
I see each aimed dart;
For one has cut my dearest tie
And quivers in my heart. »
BURNS.
I
Vois-tu là-bas au pied des riantes collines,
Près des flots azurés éparses des ruines? -
Le villageois de loin n'y passe qu'en tremblant;
C'est là que vient la nuit errer le spectre blanc.
Et l'on dit que souvent sa voix triste et plaintive
Se mêle au vent du soir et gémit sur la rive.
Dans ces pins noirs)adis s'élevait un château,
L'effroi de l'Indien et l'appui du hameau.
Plus d'une fois le choc meurtrier des batailles
Retentit jusqu'au ciel du pied de ses murailles;
Et l'homme rouge ardent en son premier effort,
Au lieu de la victoire y vint chercher la mort.
Mais depuis bien longtemps le fracas de la guerre
Ne troublait plus l'écho de ce lieu solitaire.
Les doux oiseaux des cieux, messagers du printemps,
Cachés sous la feuillée y soupiraient leurs chants.
Aux étoiles du soir l'acier des sentinelles
Ne brillait plus au loin sur le haut des tourelles,
Tandis que l'Indien furtif, silencieux,
Jetait sur eux des bois un regard curieux,
Ou que, levant sa hache au-dessus des campagnes,
Son bras les menaçait du sommet des montagnes.
Les flots du Saint-Laurent murmurant sur leurs bords,
Aux chants des villageois mêlaient leurs donx accords.
Tout respirait la paix et le bonheur champêtre,
Bonheur que chaque jour l'aube faisait renaître.