Comme la vieille persuade pamphille de luy donner son sallaire.
Ut reor ecce tibi per me tua vota parantur.
Sed promissa michi res manet in, dubio.
Pamphille c'est fait se tu veulx
Car par moy sans aucune doubte
Sont appareillez tous tes veux
Et est la chose faicte toute
Mais la chose de quoy je doubte
C'est la celle que m'as promise
Que son vouloir ne se reboute
Et qu'il n'y ait de la faintise.
Est mens nostra suis contraria sepe loquelis
Nec factis loquimur omnia que loquimur
Nostre pensée aucuneffois
A ses parolles est contraire
Et si dison souventeffois
Cella que ne voulons pas faire
Pamphille tu sçaiz mon affaire
Et si comme tu peulz congnoistre
Toute peine requiert sallaire
Il ne suffist pas de promettre
Irrita venales falunt promissa labores
Cum fueris felix nil michi forte dabis.
Faulses promesses decevables
Souvent par leur abusion
Deçoiuent les labeurs vendables
Et n'y a que deception
Peut estre en la conclusion
Que a plaisir te voirras requier
De moy ne sera mension
Et ne me vouldras rien donner
Pamphille
Est scelus immensum si dives fallat egenum
Te quoque si fallam gloria nulla michi est
C'est le plus grant peché qui soit
Quant par mauvaitie et cautelle
Le riche le povre deçoit
C'est contre bonté naturelle
Et quant la chose seroit telle
Que decevoir je te vouldroie
Pour peu de chose telle quelle
Gloire ne honneur n'y auroie.
Nec te nec quemquam, nostra fraus perdidit unquam
Fama que si queras crimen nostra vacat.
De fraude je ne fis jamais
A toy ne autre de prouesse
Qui soit ainsi je me submetz
A toutes gens de ma noblesse
Celuy n'y a qui me congnoisse
Qui ne sçaiche de verité
Que je tien foy de gentillesse
Et ne use point de faulseté.
Est que fides animi constans fiducia nostri
Que tibi tuta facit omnia que metuit
Nostre foy n'est point decevable
Mais constante en noble couraige
Nostre fiance est veritable
Il n'y a point de fatroullaige
Noblesse se monstre a l'ouvraige
Pourtant doncques asseure toy
Que tu auras ton vasselaige
Puis que je te ay promis ma foy
La vieille
Plebs timet ingenio superari parva potentum.
Jure cadit causa pauperis exigua.
Tousjours doubte petite gent
Des riches le superement
La cause du povre indigent
Souvent se pert en jugement
Les puissans ont l'entendement
Pour faire tout ce qu'il leur plaist
Mais on voit manifestement
Que tousjours ung povre desplaist
Est et ubique fides prisco spoliata calore.
Que tegitur sceleris actibus immineris
Oultre foy n'est plus en valeur
S'on la voit regner c'est a tart
Perdu a sa belle couleur
Et a prins habit de regnart
Le monde n'a plus de regart
Que a faire quelque tricherie
Qui de tromper ne congnoist l'art
Ce n'est que toute misserie
Nulla tamen fortuna obliviscere fatis
Dat mare sepe motus nulla pericula tamen
Mais touteffois nulle fortune
Ne peult les destinées changier
Bien souvent la mer se desrune
Qu'el ne porte point de dangier
Ceulx qui dessus mer vont nagier
Y voyent plusieurs mouvemens
Souvent changier et rechangier
Et si n'y a point de tourmens
Que promisisti fortune munera mande
Sed que promisi dona tamen capies.
Au plaisir de fortune mis
Soit ce dont m'as promesse faicte
Quant de ce que je t'ay promis
C'est une chose pure et nette
Qui sans faulte sera parfaicte
Vienne fortune ou infortune
Par quelque peine que g'y mette
Mais faulte n'y aura pas une
Convenit ut vadam nunc exorare puellam
Si placet ut veniat huc tibi sola loqui
Affin que la chose soit telle
Convenable est que je m'en voise
Prier celle doulce pucelle
Et la requerir qu'il luy plaise
Que sans faire ne bruit ne noise
Seule vienne avec toy parler
Affin que puisses a ton aise
La baiser bien et acoller
Si vos nostra simul solertia collocat ambos
Et locus affuerit te precor esse virum
S'el vient ainsi comme il me semble
Qu'elle viendra et que une fois
Par mon art soiés mis ensemble
Et lieu soit propre touteffois
Monstre luy ce que tu congnois
Tout realement et de fait
Monstre luy en dictz et en faiz
Que tu es ung homme parfait
Mens animusque manet inconstans semper amantum
Parva que forte dabit quod petis hora tibi.
D'amans le couraige et pensée
Tousjours inconstante demeure
Et de lieu en lieu reversée
Sans repoz ne quelque demoure
Et ne fault que une petite heure
Pour te donner ce que demendes
Mais il est force qu'on labeure
En telles choses qui sont grandes