Comment la vieille respont a gallathée et lui dit que elle ne doit point
avoir crainte.
Sit timor ipse procul hic non est causa timoris
Hiis rebus nunquam proditor ullus erit
Rejette ceste crainte au loing
Pour cella ne te fault point faindre
En ce cas il n'y a besoing
Ne quelque matiere de craindre
Se venus t'a voulu attaindre
De son feu doulx et gratieux
Pour quoy le vouldrois tu destaindre
Par la crainte des envieux
Oultre plus le cas de vous deux
Sera secret celuy ne celle
Ne sera et eust il mil yeulx
Qui en saiche aucune nouvelle
Ut tuus existat hoc tantum pamphilus optat
Nititur omnis ad hoc cura daborque suus
Pamphille ne desire rien
En ce monde tant seullement
Fors que de ta grace il soit tien
C'est prie honnourablement
Tout son labeur entierement
A ceste fin tent et sa cure
Considere que largement
Des douleurs pour toy il endure
Mille modis acres habitus michi prodidit ignes
Cum michi flens sepe talia verba refert
Monstré m'a en mille manieres
Qu'il t'ayme souvereinement
Voire par amours singulieres
Qui luy donnent moult de tourment
Je l'ay congneu signantement
Qu'il soit vray amoureux de toy
Car tousjours en parlant a moy
Plouroit et faisoit ses regrets
En disant tousjours par expres
Qu'il ne aymoit au monde autre femme
Tu te dois de luy tirer pres
Car il te ayme bien sus mon ame
Et galathea meus dolor et medicina doloris
Hec dare sola potest vulnus opem que michi
Helas dit il gallathée est
Ma douleur et ma medecine
Bien me peut guarir s'il luy plaist
Par sa bonté doulce et benigne
Elle seulle est de guarir digne
Ma playe et me donner santé
Ma vie est a sa voulenté
Ma mort aussi entre ses mains
Tous les entendemens humains
Ne sçauroient par leur science
Rapaiser mes maulx inhumains
Si elle mesme ne me pense
Illius ad lachrymas pietas me flere coegit
Et tamen in tacito pectore leta fui
A voir les larmes de ses yeulx
J'ay eu le cueur trestant piteux
Qu'il m'est presque fondu en larmes
Car il avoit plus piteux termes
Que je vy onc a amoureux
De le voir ainsi doloreux
J'ay esté de plourer contrainte
Combien que fusse fort attainte
De joye dedans mon couraige
En le voyant aimer sans fainte
Autant que fist onc parsonnaige
Omnia cernebam fieri velut ipsa volebam
Ardentes sensi vos simul igne pari
Toutes choses je regardoie
Faire ainsi comme je vouloye
Pleurs souspirs et gemissemens
La grant amour consideroie
De qui emflambé le veoye
En ses grans et cruelz tourmens
Cent regretz mille pensemens
Tous signes de cueur amoureux
Lors jugoye que de vous deux
Seroit l'assemblée honnourable
Par amour pareille et semblable
Ainsi mon cueur s'esjouyssoit
Qui de trouver voye louable
Moyen utille et convenable
Ledere flamma solet precor ipsi parcite vobis
Vos que duos pariter jungere possit amor
De cecy parfaire pensoit
Je sçay bien que l'ung l'autre aymés
Voire d'une amour souveraine
Vous estes tous deux enflammés
Et amy l'ung l'autre clamés
C'est une chose bien certaine
Flamme d'amour blesse et fait peine
Et plus croist tant plus on la celle
Seullement la moindre estincelle
Abraseur le cueur d'amoureux
Ayés donc pitié de vous deux
Pardonnés vous et que amour vraye
Vous puisse joindre pour le mieulx
Ensemble ainsi que je vouldroie