Comme galathée s'en veult fouyr et faint que une voisine l'appelle.
Me vicina vocat illi loquar atque revertar
Nam nimis hoc vereor huc modo ne veniat
J'oy ma voisine qui m'appelle
Pamphille laisse moy je iray
Aler me fault parler a elle
Mais tantost je retourneray
S'elle vient honteuse seray
Tu peulz considerer ce point
Laisse moy ne me touche point
Car s'elle venoit d'aventure
Et elle nous veist en ce point
Ce seroit pour me dire injure
Pamphille luy respont quant elle fait semblant de crier et s'en est la
vieille allée qui les a la laissez ensemble.
Quid clamas propero veniens hec hostia claudo
Nullus enim remanet hic nisi sola domus
Pourquoy cries tu, tant que je puis
En haste vien presentement
De clorre et de fermer les huys
On ne nous peult voir nullement
Il n'y a icy seulement
Que nous deux presens pour ceste heure
Et la maison seulle demeure
Asseure toy et point ne tremble
Tu es a seurté ce me semble
Et avec ton amy parfaict
Nous pouons bien parler ensemble
Et deviser de nostre fait
Gallathée
Me mea cura tenet nunc dic cito dicere quid vis
Me tecum longuas non licet ire vias
Maintenant la cure de moy
Me tient mais sans plus differer
S'il y a quelque chose en toy
Dy le moy sans plus souspirer
Longuement ne puis demourer
Icy avec toy la saison
Voycy qu'il me fault retirer
Et retourner a la maison
Pamphille
En modo dulcis amor viridis que jnventa locus que
Nos galathea movent pascere corda jocis.
Doulce amour verdoiant jeunesse
Le lieu bel et delicieux
Me incitent de prendre liesse
Avecques ma dame et maistresse
Et me paistre d'amoureux jeux
A ceste heure sommes nous deux
Assemblez par amour certaine
Ainsi que deux vrais amoureux
Pour prendre liesse haultaine
En lasciva venus nos ad sua gaudia cogit
In que suos usus nos jubet ire simul
Voycy venus la joyeuse déesse
Qui nous contraint comme dame et princesse
Des amoureux a ses joyes mener
D'elle aussi nous adresser
Ensemble aler en amoureuse adresse
Qui noz deux cueurs en ung assemble et dresse
Ainsi que amours se sçaivent ordonner
A noz douleurs nous devons pardonner
Et le salut l'ung a l'aultre donner
Puis que venus la plus saige des saiges
Nous desire par contrainte mener
Et compeller a suivre ses usaiges
Quid moror hujus ope supplex mea vota requiram.
Tu patiens voti te precor esse mei
Puis que ainsi est que j'ay sa grace
Et qu'el me donne lieu et place
De mes plaisances requerir
Qui tarde que je ne le face
Quant je voy la belle en la face
Qui toutes mes douleurs efface
Et qui me garde de mourir
Belle tu me peulz secourir
Vers toy mon salut vien querir
Si te pry gracieuse et gente
Que sans aulcun blasme acquerir
Soyes de mon veu paciente