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 Jean Auvray (ca. 1580-ca. 1630) En extase je tombe, et sans sentir je sens

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Jean Auvray (ca. 1580-ca. 1630)  En extase je tombe, et sans sentir je sens  Empty
MessageSujet: Jean Auvray (ca. 1580-ca. 1630) En extase je tombe, et sans sentir je sens    Jean Auvray (ca. 1580-ca. 1630)  En extase je tombe, et sans sentir je sens  Icon_minitimeLun 15 Aoû 2011 - 17:00

En extase je tombe, et sans sentir je sens
Une insensible main qui dérobe mes sens,
Tient mon âme en suspens, agilement transporte
Moi-même de moi-même, et sus un mont me porte ;
Un mont épouvantable, horrible, où les corbeaux,
Laidement croassant, déchiraient par morceaux
Des corps suppliciés les entrailles puantes ;
Là n’étaient que gibets, que potences sanglantes,
Qu’horreur, qu’effroi, que sang, qu’abomination,
Que mort, que pourriture et désolation.

Comme s’y promenait mon âme épouvantée,
Elle y vit une Croix nouvellement plantée,
Construite, ce semblait, de trois sortes de bois ;
Un homme massacré pendait sur cette Croix,
Si crasseux, si sanglant, si meurtri, si difforme,
Qu’à peine y pouvait-on discerner quelque forme,
Car le sang que versait son corps en mille lieux
Déshonorait son front, et sa bouche et ses yeux ;
Toute sa face était de crachats enlaidie,
Sa chair en mille endroits était toute meurtrie,
Sa Croix de toutes parts pissait les flots de sang,
Ses pieds, ses mains, son chef, et sa bouche et son flanc,
En jetaient des ruisseaux, les cruelles tortures
Lui avaient tout démis les os de ses jointures,
Sa peau sanglante était cousue avec ses os,
Et son ventre attaché aux vertèbres du dos
Sans entrailles semblait, une épine cruelle
Fichait ses aiguillons jusques dans sa cervelle,
Dont les sanglots bouillons à mesure séchés
Coulaient, barbe et cheveux sur sa face couchés ;
Ce qui restait encor de sa chair détranchée,
Pendait horriblement par lambeaux écorchée,
Tous ces membres étaient ou ployés, ou meurtris ;
Bref, comme en ces Lépreux confirmés et pourris,
L’on voyait au profond de ses larges ulcères
Ses veines, ses tendons, ses nerfs et ses artères,
L’on pouvait aisément lui compter tous les os,
Ce n’était qu’un Squelett’, qu’une sèche Atropos,
Un Spectre, une carcasse, et pour bien dire en somme,
Ce mort ressemblait mieux un fantôme qu’un homme,
Sinon que de ses yeux morts et ensanglantés
Rejaillissaient encor tant de vives clartés,
Tant de traits, tant d’attraits, que pour moi il me semble
Que ce mort était vif, ou vif et mort ensemble ;
Ô spectacle piteux il faudrait un rocher
Enclore en sa poitrine et non un cœur de chair,
Pour pouvoir sans pleurer déplorer en ces carmes
Tant de morts et de maux, de larmes et d’alarmes.

[...]
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Jean Auvray (ca. 1580-ca. 1630) En extase je tombe, et sans sentir je sens
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