XLIII
Bannir la mort
Rien ne sombre, rien ne tombe.
L'acte fend l'éternité.
Nulle tombe si profonde
ne défend d'avoir été.
L'heure passe. Dans l'espace
sa besace elle répand.
Rien n'efface chaque trace
de limace et de serpent.
L'intacte bosse compacte
de membres comme des vers,
tant de souples, tendres couples
que ligote un sac de nerfs,
je la force sous l'écorce.
Mille ans plus tôt je saisis
l'acropole d'une épaule
dans les coussins cramoisis...
Plongez le dur bois d'os dans ce qui se démène
dans l'énorme chaudron.
Tournez la chair humaine et la chose inhumaine.
Un jour ils reviendront.
Il reviendront un jour les jour d'avant les âges
qui ne reviendront plus.
Ils reviendront, blocs brefs de fugaces présages
d'avance résolus.
Mais le corps d'une femme et l'antique Florence
qu'emplit le verbe fort
ne vivront que l'instant de berner la souffrance
et de bannir la mort.