À L'OMBRE D'UN ENFANT
Qui es in caelis.
Ô ! parmi les soleils, les sphères, les étoiles,
Les portiques d'azur, les palais de saphir,
Parmi les saints rayons, parmi les sacrés voiles
Qu'agite un éternel zéphyr !
Dans le torrent d'amour où toute âme se noie,
Où s'abreuve de feux le séraphin brûlant ;
Dans l'orbe flamboyant qui sans cesse tournoie
Autour du trône étincelant !
Parmi les jeux sans fin des âmes enfantines ;
Quand leurs soins, d'un vieil astre, égaré dans les cieux,
Avec de longs efforts et des voix argentines,
Guident les chancelants essieux ;
Ou lorsqu'entre ses bras quelque vierge ravie
Les prend, d'un saint baiser leur imprime le sceau,
Et rit, leur demandant si l'aspect de la vie
Les effrayait dans leur berceau ;
Ou qu'enfin, dans son arche éclatante et profonde,
Rangeant de cieux en cieux son cortège ébloui,
Jésus, pour accomplir ce qui fut dit au monde,
Les place le plus près de lui ;
Ô ! dans ce monde auguste où rien n'est éphémère,
Dans ces flots de bonheur que ne trouble aucun fiel,
Enfant ! loin du sourire et des pleurs de ta mère,
N'es-tu pas orphelin au ciel ?