il sied de ressembler aux dieux. Ton dieu, flamine,
dévore ses enfants ; ton dieu, mage, extermine ;
augure, ton dieu ment ; uléma, ton dieu met
la terre sous le sabre impur de Mahomet ;
ton dieu, Rome, est l' agneau, mais il tette la louve ;
ô noir dominicain qui rêves, ton dieu trouve
agréable l' odeur infâme des bûchers ;
d' affreux temples, ayant pour prêtres des bouchers,
sont l' habitation de ton dieu, corybante ;
brahmine, ton dieu sombre aime la nuit tombante ;
rabbin, ton dieu maudit la race de Japhet,
et cloue au fond du ciel le soleil stupéfait ;
Sabaoth est cruel, Jupiter est immonde,
et pas un dieu ne sait comment est fait le monde ;
les peuples ont le choix pour fléchir le genou
entre le monstre Asgar et le monstre Vishnou ;
ce dieu brait, celui-là rugit, celui-ci beugle ;
c' est pourquoi l' idéal de l' homme est d' être aveugle,
ténébreux, vil, féroce, ignorant, odieux,
afin d' être aussi près que possible des dieux.
4 août 1874.