Maintenant il se dit : l'empire est chancelant ;
La victoire est peu sûre.
Il cherche à s'en aller, furtif et reculant.
Reste dans la masure !
Tu dis : le plafond croule. Ils vont, si l'on me voit,
Empêcher que je sorte.
N'osant rester ni fuir, tu regardes le toit,
Tu regardes la porte ;
Tu mets timidement la main sur le verrou.
Reste en leurs rangs funèbres !
Reste ! la loi qu'ils ont enfouie en un trou
Est là dans les ténèbres.
Reste ! elle est là, le flanc percé de leur couteau,
Gisante, et sur sa bière
Ils ont mis une dalle. Un pan de ton manteau
Est pris sous cette pierre !
Pendant qu'à l'Elysée en fête et plein d'encens,
On chante, on déblatère,
Qu'on oublie et qu'on rit, toi tu pâlis ; tu sens
Ce spectre sous la terre !
Tu ne t'en iras pas ! quoi ! quitter leur maison !
Et fuir leur destinée !
Quoi ! tu voudrais trahir jusqu'à la Trahison,
Elle-même indignée !
Quoi ! tu veux renier ce larron au front bas
Qui t'admire et t'honore !
Quoi ! Judas pour Jésus, tu veux pour Barabbas
Etre Judas encore !
Quoi ! n'as-tu pas tenu l'échelle à ces fripons,
En pleine connivence ?
Le sac de ces voleurs, ne fut-il pas, réponds,
Cousu par toi d'avance !
Les mensonges, la haine au dard froid et visqueux,
Habitent ce repaire ;
Tu t'en vas ! de quel droit ? étant plus renard qu'eux,
Et plus qu'elle vipère !