Un seul homme sait où est caché le trésor
Dans ce siècle où tout peuple a son chef qui le broie,
Parmi les rois vautours et les princes de proie,
Certe, on n'en trouverait pas un qui méprisât
Final, donjon splendide et riche marquisat ;
Tous les ans, les alleux, les rentes, les censives,
Surchargent vingt mulets de sacoches massives ;
La grande tour surveille au milieu du ciel bleu,
Le sud, le nord, l'ouest et l'est, et saint Mathieu,
Saint Marc, saint Luc, saint Jean, les quatre évangélistes,
Sont sculptés et dorés sur les quatre balistes ;
La montagne a pour garde, en outre, deux châteaux,
Soldats de pierre ayant du fer sous leurs manteaux.
Le trésor, quand du coffre on détache les boucles,
Semble à qui l'entrevoit un rêve d'escarboucles ;
Ce trésor est muré dans un caveau discret
Dont le marquis régnant garde seul le secret,
Et qui fut autrefois le puits d'une sachette ;
Fabrice maintenant connaît seul la cachette ;
Le fils de Witikind vieilli dans les combats,
Othon, scella jadis dans les chambres d'en bas
Vingt caissons dont le fer verrouille les façades,
Et qu'Anselme, plus tard, fit remplir de cruzades
Pour que, dans l'avenir, jamais on n'en manquât ;
Le casque des marquis est en or de ducat ;
On a sculpté deux rois persans, Narse et Tigrane,
Dans la visière aux trous grillés de filigrane,
Et sur le haut cimier, taillé d'un seul onyx,
Un brasier de rubis brûle l'oiseau Phénix ;
Et le seul diamant du sceptre pèse une once.