Un grand esprit en marche a ses rumeurs, ses houles,
Ses chocs, et fait frémir profondément les foules,
Et remue en passant le monde autour de lui.
On est épouvanté si l'on n'est ébloui ;
L'homme comme un nuage erre et change de forme ;
Nul, si petit qu'il soit, n'échappe au souffle énorme ;
Les plus humbles, pendant qu'il parle, ont le frisson.
Ainsi quand, évadé dans le vaste horizon,
L'aquilon qui se hâte et qui cherche aventure
Tord la pluie et l'éclair, comme de sa ceinture
Une fille défait en souriant le noeud,
Quand l'immense vent gronde et passe, tout s'émeut ;
Pas un brin d'herbe au fond des ravins, que ne touche
Cette rapidité formidable et farouche.