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 Victor HUGO (1802-1885) Noë rêvait. Le ciel était plein de nuées.

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Inaya
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Inaya


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Victor HUGO (1802-1885) Noë rêvait. Le ciel était plein de nuées. Empty
MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) Noë rêvait. Le ciel était plein de nuées.   Victor HUGO (1802-1885) Noë rêvait. Le ciel était plein de nuées. Icon_minitimeJeu 29 Sep - 21:43

Noë rêvait. Le ciel était plein de nuées.
On entendait au loin les chants et les huées
Des hommes malheureux qu'un souffle allait courber.
Un nuage muet soudain laissa tomber
Une goutte de pluie au front du patriarche.
Alors Noë, suivi des siens, entra dans l'arche,
Et Dieu pensif poussa du dehors le verrou.

Le mal avait filtré dans les hommes. Par où?
Par l'idole; par l'âpre ouverture que creuse
Un culte affreux dans l'âme humaine ténébreuse.
Ces temps noirs adoraient le spectre Isis-Lilith,
La fille du démon, que l'Homme eut dans son lit
Avant qu'Eve apparût sous les astres sans nombre,
Monstre et femme que fit Satan avec de l'ombre
Afin qu'Adam reçût le fiel avant le miel,
Et l'amour de l'enfer avant l'amour du ciel.
Eve était nue. Isis-Lilith était voilée.
Les corbeaux l'entouraient de leur fauve volée;
Les hommes la nommaient Sort, Fortune, Ananké;
Son temple était muré, son prêtre était masqué;
On l'abreuvait de sang dans le bois solitaire;
Elle avait des autels effrayants. Et la terre
Subissait cette abjecte et double obscurité :
En bas Idolâtrie, en haut Fatalité.

Aussi depuis longtemps tout était deuil et crainte.
Le juste - un seul restait - attendait la mort sainte
Comme un captif attend qu'on lève son écrou.

Le tigre en sa caverne et la taupe en son trou
Disaient depuis longtemps : l'homme commet des crimes.
Une noire vapeur montait aux cieux sublimes,
Fumée aux flots épais des sombres actions.
Depuis longtemps l'azur perdait ses purs rayons,
Et par instants semblait plein de hideuses toiles
Où l'araignée humaine avait pris les étoiles.

Car dans ces temps lointains, de ténèbres voilés,
Où la nature et l'homme étaient encore mêlés,
Les forfaits rayonnaient dans l'espace, en désastres,
Et les vices allaient éteindre au ciel les astres.
Le mal sortait de l'homme et montait jusqu'à Dieu.
Le char du crime avait du sang jusqu'à l'essieu;
Le meurtre, l'attentat, les luxures livides
Riaient, buvaient, chantaient, régnaient; les fils avides
Soufflaient sur les parents comme sur un flambeau;
Ce que la mort assise au seuil noir du tombeau
Voyait d'horreurs, faisait parler cette muette.
La nuit du coeur humain effrayait la chouette;
L'ignorance indignait l'âne; les guet-apens,
Les dols, les trahisons faisaient honte aux serpents;
Si bien que l'homme ayant rempli son âme immonde
D'abîmes, Dieu put dire au gouffre : Emplis le monde.

L'urne du gouffre alors se pencha. Le jour fuit;
Et tout ce qui vivait et marchait devint nuit.
Eve joignit les mains dans sa tombe profonde.
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Victor HUGO (1802-1885) Noë rêvait. Le ciel était plein de nuées.
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