PLUME DE POÉSIES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

PLUME DE POÉSIES

Forum de poésies et de partage. Poèmes et citations par noms,Thèmes et pays. Écrivez vos Poésies et nouvelles ici. Les amoureux de la poésie sont les bienvenus.
 
AccueilPORTAILS'enregistrerDernières imagesConnexion
 

 Victor HUGO (1802-1885) A un soldat devenu valet

Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité




Victor HUGO (1802-1885) A un soldat devenu valet  Empty
MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) A un soldat devenu valet    Victor HUGO (1802-1885) A un soldat devenu valet  Icon_minitimeDim 30 Oct - 18:15

À UN SOLDAT DEVENU VALET
Jadis, ô vieux soldat, tu n'étais pas un homme.
La colonne trajane, antique orgueil de Rome,
Sur son marbre où revit en foule un peuple roi,
N'avait pas un profil plus farouche que toi!
Paysan chevelu, dans ta chaumière aimée,
Pris par la grande main qui fit la grande armée,
Tu vins tout jeune aux camps, pauvre pâtre breton.
Pour saisir un fusil tu jetas ton bâton.
Et c'est là qu'un beau jour, un matin de bataille,
En écoutant un bruit de bombe et de mitraille,
En voyant au galop passer Napoléon,
Éperdu, frissonnant, tu te sentis lion!
Tu fus lion dix ans. Autant qu'il t'en souvienne,
Tu visitas Madrid, Dresde, Berlin et Vienne;
Et ces villes tremblaient derrière les canons,
Quand elles te voyaient, parmi tes compagnons,
Accourir, haletant, formidable, invincible,
Secouant ta crinière avec un cri terrible!
Toi, partout, tu marchais, plein d'orgueil et de foi,
Car te sentir lion, c'était te sentir roi!
L'empire est mort. Hélas! quels fantômes nous sommes!
Les lions à la paix redeviennent des hommes.
L'homme est plein de misère. Il faut bien vivre enfin!
On bravait la mitraille, on se rend à la faim.
On descend chaque jour d'un pas. De chute en chute
L'homme arrive où jamais ne tomberait la brute.
Maintenant, ô soldat, maintenant, ô vainqueur,
Galonné comme un suisse à la porte du choeur,
L'oeil baissé, l'air dévot, tu portes à l'église
Le petit chien griffon d'une vieille marquise;
Et tandis qu'en tes bras jappe le chien moqueur,
L'ancien lion rugit de honte dans ton coeur!

13 mai 1835.
Revenir en haut Aller en bas
 
Victor HUGO (1802-1885) A un soldat devenu valet
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Victor HUGO (1802-1885) Qu'est devenu l'enfant? La mère
» Victor HUGO (1802-1885)Le sénateur peut être un valet; le flamine
» Victor HUGO (1802-1885)Le sénateur peut être un valet; le flamine
» Victor HUGO (1802-1885) Hugo Dundas
» Victor HUGO (1802-1885) Victor, sed victus

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
PLUME DE POÉSIES :: POÈTES & POÉSIES INTERNATIONALES :: POÈMES FRANCAIS-
Sauter vers: