Ô poète! poùrquoi tés stances-favorites"
Marchent-elles toujours cueillant des marguerites,
Toujours des liserons et toujours des bleuets,
Et vont-elles s'asseoir au fond' des bois-muets -
Laissant sur leurs pieds nùs, lavés' par les eaux pures,
Ruisseler les. cressons -comme des chevelures?
Pourquoi toujours les champs et jamais les jardins?
D'où te viennent, rêveur, ces 'étranges dédains?
Loin dés buis rehaussant le sable des allées,
Loin du riant parterre aux touffes étoilées,
Bordé d'oeillets en foule empressés à s'ouvrir,
Pourquoi fuir, et pourquoi ne pas faire fleurir
Dans tes vers, où sourit l'heureux printemps qui t'aime,
Le blanc camélia, le jaune chrysanthème?
Et le poète dit: Nous y viendrons un jour.
Versez dans vos jardins plus de joie et d'amour.
La rêverie a peur des portes et des grilles.
La Liberté, parmi les socs et les faucilles,
Chante dans les prés-verts et rit sous 'le ciel bleu.
L'homme fait le jardin, les champs sont faits par Dieu.
19 juin 1839.