DIEU SUIT' SA VOIE
Quand dans le coeur d'un peuple il a disposé tout,
Un rien suffit pour faire éclater tout à coup
Ces révolutions fatales et divines
Qui jettent des clartés et qui font des ruines.
En des jours, comme ceux que le sort nous a,faits,
La plus petite cause.a les pires effets.
Dans ce siècle où le mal; comme' le bien, est libre,
Où l'égalité mine et sape l'équilibre,
Tout est en question. Que voyons-nous souvent?
De grands coups de hasard et de grands coups de vent.
Veillons donc. Nous vivons dans un temps où nul homme
N'est petit, où chacun est redoutable, en somme.
Le bois nourrit la flamme, et la haine nourrit
Tous les mauvais instincts de l'homme. Crains l'esprit,
Crains le coeur où dans l'ombre abonde et s'amoncelle
La haine qui s'enflamme à la moindre étincelle.
Parfois, un mendiant qui. vous suit pas à pas,
Un rêveur en haillons que vous ne voyez pas,
Dans le fond de son âme inconnue et hautaine,
A toute une forêt de colère et de haine
Qui n'attend que le choc d'un caillou, qu'un moment,
Pour remplir l'horizon d'un vaste embrasement!
XLVII
Qui sait si tout n'est pas un pourrissoir immense?
Qui sait si ce 'qu'on croit gloire, vie et semence,
N'est pas horreur et deuil? '
Contemplateur sur qui 'le rayon des nuits. tombe,
Qui sait si ce n'est pas de néant et de tombe
Que tu remplis ton oeil?.
Qui sait, espaces noirs, éthers, vagues lumières,
Si le fourmillement mystérieux des sphères
Ne ronge pas le ciel?
Et si l'aube n'est pas la rougeur d'une torche
Qui passe, et que quelqu'un promène sous le porche
. Du sépulcre éternel?
Peut-être que l'abîme est un vaste ossuaire,
Que la comète rampe aux plis d'un noir suaire,
O vivants pleins de bruit,
Peut-être que la Mort, colossale et hagarde,
Est sous le firmament penchée, et vous regarde
Ayant pour front la nuit!
Peut-être que le monde est une chose morte;
Peut-être que le ciel où la saison apporte-
Tant de rayons divers,
O mortels, est soumis à la loi qui vous navre,
Et que de cet énorme et splendide cadavre '
Les astres sont les vers