La nature, éternelle mère,
Vous versa ,ses chastes faveurs,
Vieil Hésiode, vieil Homère,
O poètes, géants rêveurs!
Chantres des socs et des épées, -
A travers les temps, noir brouillard,
Vous montrez dans. vos épopées
L'homme enfant à-l'homme vieillard.
On voit 'en vous, comme une aurore,
Briller ce beau passé doré
Que la Grèce contemple encore
Avec un sourire effaré.
Comme l'ourse-et les dioscures
Percent les branchages touffus,
On voit dans vos lueurs obscures
Remuer-un monde confus.
On voit, moins divins que vous-mêmes,
Resplendir, calmes et tonnants,
Dans la 'nuit de vos vieux poèmes -
Les olympiens rayonnants!
Votre cime touche les nues;
Dans votre ombre où luit l'orient
Les héros, les déesses nues
Vont et viennent en souriant.
Les.dieux, qui pour. nous sont des marbres,
Vivent dans vos livres jumeaux.
Comme des oiseaux dans les arbres,
Ils volent dans vos grands rameaux!
' 29 mars 1847.