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 Victor HUGO (1802-1885) Vous qui, vainqueurs, avez mis, depuis vingt-cinq ans

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MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) Vous qui, vainqueurs, avez mis, depuis vingt-cinq ans   Victor HUGO (1802-1885) Vous qui, vainqueurs, avez mis, depuis vingt-cinq ans Icon_minitimeDim 13 Nov - 23:53

Vous qui, vainqueurs, avez mis, depuis vingt-cinq ans,
Maîtres sanglants qui rendrez compte,
Votre nuit sur la France en deuil, et sur les camps
Votre gloire qui leur fait honte,

Toi, prêtre, toi, soldat, chef des sombres exploits,
Que suit des yeux l'histôire triste;
Toi, juge escamoteur, qui du fourreau des lois
Tiras le poignard du sophiste,

Quand vous couvrez d'affronts haineux, de cris amers,
Et d'un tumulte de huées,

Cet homme qui longtemps, pensif au bord des mers,
Vécut le front dans les nuées,

Et qui, dans la candeur de ses calmes desseins,
Veut la justice égale et grande,
Avant de l'appeler défenseur d'assassins,
Attendez donc qu'il vous défende!
Tu nous regardes, Nuit, grande passante noire;
Tu ne dois pas beaucoup comprendre notre histoire,
Car elle est bien souvent plus sombre encor que toi.
Soyez homme d'honneur, de probité, de foi,
Vous serez l'ennemi public; dans la tempête
Risquez pour une idée auguste votre tête,
Et vous serez traité de la même façon
Que la poltronnerie et que la trahison;
Cet homme ose invoquer la pitié vénérable,
Il offre asile au faible, à bas le misérable!
-Quoi donc! il s'interpose entre le meurtre et nous!
Il s'émeut en voyant des femmes à genoux,
Il s'indigne des morts que nous jetons aux fleuves,
Il plaint lés orphelins, il ne fait pas de veuves,
Il ose prononcer l'horrible mot Pardon!
A cette heure où chacun fait à tous l'abandon
De ces vieux préjugés: droit, liberté, clémence,
Où l'on sent que le monde antique recommence,
Lorsqu'on voit qu'un grand pas en arrière est sensé,
Et quand pour avenir on reprend le passé,
Il s'obstine, il soutient les vaincus sans relâche,
Il les défend, dût-on l'assassiner, le lâche! -

C'est ainsi qu'on raisonne à de certains moments.
Un joûr, voyant passer d'affreux événements,
Voyant qu'au grand Paris on creusait une, fisse,
Ne croyant pas Dieu mort et la vérité fausse,
Ne. me figurant pas que tuer fût un droit,
Je me dressai, je dis: Le jour meurt, l'ombre croît,
Prenez garde! Au-dessus de vos fauves mêlées,
O noirs lutteurs, il est des choses étoilées,
La raison, le progrès, la patrie et l'honneur.
Le vainqueur est souvent son propre empoisonneur.
Arrêtez. L'amnistie est une fin sereine.
Soyez cléments.
Alors j'eus sur moi tant de haine,
Tant d'exécration, d'épouvante et d'horreur
Que je fus presque, ô Nuit, l'égal d'un empereur!

18 décembre 1874.
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