Vous insistez? Eh bien, insistons. J'y consens.
Oui, don Pèdre égorgeant les infants innocents
Est méchant; oui, Bardas, oui, Léon le faussaire,
Valens, Justinien aveuglant Bélisaire,
Alexandre exposant Callisthène aux lions,
Sont affreux; les Phocas et les Pygmalions
Sont hideux jusqu'au rêve et jusqu'à la chimère;
Xercès sanglant battant de verges l'onde amère,
Constantin Caballin broyant sur les pavés
Aux pieds de son cheval des monceaux d'yeux crevés,
Sapor couvrant de sel une femme écorchée,
Épouvantent; Achab, tourmenteur de Michée,
Didier, Osman, Ratbert, Vitiza, Childebrand,
Les Comnènes, Michel Calafati montrant
Toute la cruauté que contient l'éphémère,
César tuant la loi, Néron tuant sa mère,
Font horreur; ils sont vils, ils sont abjects. Et nous?
Pourquoi ces sénateurs leur parlant à genoux?
Pourquoi ce prêtre athée et faux qui les encense?
Pourquoi les engloutir dans notre obéissance?
Pourquoi, pouvant souffler sur un joug vermoulu,
Le monde accepte-t-il le pouvoir absolu?
Pourquoi les plus nombreux sont-ils donc les plus lâches?
De quel droit, du devoir méconnaissant les tâches,
La terre maudit-elle, après l'avoir construit,
L'homme de cécité, de fureur et de nuit?
O peuple! consentir au tyran, c'est le faire.