CESAR
Il fait le mal il boit des pleurs; il boit du sang;
Partout la mort, l'exil, des veuves gémissant,
Dés .orphelins, des foyers vides;
C'est ainsi qu'entassant deuils, forfaits, désespoirs,
Les tyrans font 'téter à nos vers, dogues noirs,
La' mamelle des Euménides:
Tous'ces prétoriens gui l'ont fait empereur
L'entourent; Rome est calme et parle avec terreur;
On ne laisse approcher personne;
Ils gardent' son palais et veillent à l'entour,
Mille à chaque barrière et cent sur chaque tour;
Le inonde tremble, et lui frissonne.
Il évoque, effaré, livide, anéanti,
Tous ses prédécesseurs, que les' clypeati
Couvraient de leurs mâles poitrines;
Et l'histoire, témoin qu'on trouve toujours là,
Fait sortir de l'égout le dieu Caracalla
Et le dieu Néron des latrines.
Il erre en son palais. Ici tout le défend;
Ici leprêtre adore Auguste triomphant,
Ici les fronts sont dans 'la poudre,
Ici'là terre apporte un respect assidu;
Au-dessus de sa tête il entend, éperdu,
L'éclat de rire de la foudre.
2 décembre 1869.