L'hiver du rossignol
Sur les toits la grêle crépite.
Il neige, il pleut, en même temps:
Premières larmes du printemps,
Derniers pleurs de l'hiver en fuite.
Parmi les longs cris qu'en son vol
La première corneille jette,
J'entends une note inquiète;
Est-ce la voix du rossignol?
D'où vient cette roulade ailée
Dont la bise coupe le fil
Ce doux chanteur, pourquoi vient-il
Affronter cette giboulée?
Est-ce le trémulant sifflet,
Le fifre aigu de la linote?
Est-ce la double ou triple note
Du bouvreuil ou du roitelet?
Il neige, il pleut, il grêle, il vente.
Mais, soudain, voici le soleil,
Le soleil d'un temps sans pareil.
Chante, oh! chante, rossignol, chante!
Il neige, il vente, il grêle, il pleut.
Chante! C'est l'air que rossignole
Ton coeur, ton joli coeur qui vole,
Qui d'un ciel gris, fait un ciel bleu.
Que ta musique, en fines perles,
Change ce brouillard éclatant.
Ah! pourrait-il en faire autant
Le trille aigu de tous les merles?
Il pleut, il neige, c'est en vain
Que le merle siffle à tue-tête.
Pour que tout l'azur soit en fête,
Chante, chante, chanteur divin !
Chante sur la plus haute branche,
Comme l'oiseau de la chanson.
Chante sous le dernier frisson
De la dernière neige blanche.
À pleine gorge, fais vibrer,
Rossignoler ta fine lyre,
Ô toi dont le coeur est à rire,
Pour les coeurs qui sont à pleurer.