PLUME DE POÉSIES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

PLUME DE POÉSIES

Forum de poésies et de partage. Poèmes et citations par noms,Thèmes et pays. Écrivez vos Poésies et nouvelles ici. Les amoureux de la poésie sont les bienvenus.
 
AccueilPORTAILS'enregistrerDernières imagesConnexion
 

 Pierre-Jean De Béranger (1780-1857) LE CENSEUR 1822

Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité




Pierre-Jean De Béranger (1780-1857) LE CENSEUR 1822 Empty
MessageSujet: Pierre-Jean De Béranger (1780-1857) LE CENSEUR 1822   Pierre-Jean De Béranger (1780-1857) LE CENSEUR 1822 Icon_minitimeLun 27 Fév - 22:26

LE CENSEUR 1822

On me disait: il est temps d'être sage;
Au pinde aussi l'on change de drapeaux.
Tentez la gloire, et, dans un grand ouvrage,
Pour le théâtre abdiquez les pipeaux.
De mes refrains j'ai repoussé le livre;
Mais, quand j'invoque et Thalie et sa soeur,
Leur voix me crie: ah! Que Dieu nous délivre,
Nous délivre au moins du censeur.
La liberté, nourrice du génie,
Voit les beaux-arts pleurant sur son cercueil:
Qui va d'un joug subir l'ignominie
A de son vers d'avance éteint l'orgueil.
Réponds, Corneille, oserais-tu revivre?
Et toi, Molière, admirable penseur?
Non, dites-vous; ou que Dieu vous délivre,
Vous délivre au moins du censeur.

Tu veux encor ravir le feu céleste,
Jeune homme épris des lauriers les plus beaux,
Quand la censure, à son rocher funeste,
De ton génie a promis les lambeaux!
D'affreux vautours, que leur pâture enivre,
Vont mutiler le noble ravisseur.
Fils de Japet, ah! Que Dieu te délivre,
Te délivre au moins du censeur.
Avec Thalie, en satires féconde,
Peignons nos grands, leurs valets, leurs rimeurs,
Les vils ressorts qui font mouvoir le monde,
Et la cour même envenimant nos moeurs.
Délateur, tremble! En scène il faut me suivre.
Jeffrys en vain t'a pris pour assesseur.
Quoi! Tu souris!... ah! Que Dieu nous délivre,
Nous délivre au moins du censeur.
De Louis Onze évoquons les victimes;
Que, dévoré d'un sanguinaire ennui,
Ce roi bigot, pour se soûler de crimes,

Mette sa vierge entre le diable et lui.
Mais, tout sanglants, nos Tristans vont poursuivre
Ce voeu formé contre un lâche oppresseur.
Morts! Taisez-vous! Ou que Dieu nous délivre,
Je laisse donc Thalie et Melpomène
Pour la chanson, libre en dépit des rois.
Sans le régir j'agrandis son domaine;
D'autres un jour lui traceront des lois.
Qu'en république on puisse y toujours vivre:
C'est un état qui n'est pas sans douceur.
Pauvres français, ah! Que Dieu vous délivre,
Vous délivre au moins du censeur.



Revenir en haut Aller en bas
 
Pierre-Jean De Béranger (1780-1857) LE CENSEUR 1822
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Pierre-Jean De Béranger (1780-1857).CONVERSATION CENSEUR ET MOI
» Pierre-Jean De Béranger (1780-1857) LA LIBERTE 1822
» Pierre-Jean De Béranger (1780-1857) LE PIGEON MESSAGER 1822
» Pierre-Jean De Béranger (1780-1857) LES CONSEILS DE LISE 1822
» Pierre-Jean De Béranger (1780-1857) MA NACELLE

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
PLUME DE POÉSIES :: POÈTES & POÉSIES INTERNATIONALES :: POÈMES FRANCAIS-
Sauter vers: