LA VERTU DE LISETTE
Quoi! De la vertu de Lisette
Vous plaisantez, dames de cour!
Eh bien! D'accord: elle est grisette;
C'est de la noblesse en amour.
Le barreau, l'église et les armes,
De ses yeux noirs font très grand cas.
Lise ne dit rien de vos charmes;
De sa vertu ne parlons pas.
D'avoir fait de riches conquêtes
L'osez-vous bien railler encor,
Quand le peuple hébreu dans ses fêtes
Vous voit adorer son veau d'or?
L'empire a, pour plus d'un service,
Long-temps soudoyé vos appas.
Lise est mal avec la police;
Point de cendre si bien éteinte
Qu'elle n'y retrouve du feu;
Un marquis dont la vie est sainte
Veut à la cour la mettre en jeu.
Par elle illustrant son mérite,
Sur les ducs il aura le pas.
Lisette sera favorite;
Çà, mesdames les dénigrantes,
Si cet honneur vient la trouver,
Vous vous direz de ses parentes,
Vous ferez cercle à son lever.
Mais dût son triomphe et ses suites
De joie enfler tous les rabats,
Se confessât-elle aux jésuites,
Croyez-moi, beautés monarchiques,
Le mot vertu, dans vos caquets,
Ressemble aux grands noms historiques
Que devant vous crie un laquais.
Les échasses de l'étiquetteguindent bien haut des coeurs bien bas:
De la cour Dieu garde Lisette!