PLUME DE POÉSIES
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 François Bérenger De La Tour d'Albenas En Vivarez (1529?-1559?) Andrine. Guiot.

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François Bérenger De La Tour d'Albenas En Vivarez (1529?-1559?) Andrine.  Guiot. Empty
MessageSujet: François Bérenger De La Tour d'Albenas En Vivarez (1529?-1559?) Andrine. Guiot.   François Bérenger De La Tour d'Albenas En Vivarez (1529?-1559?) Andrine.  Guiot. Icon_minitimeMar 28 Fév - 23:17

Eglogue Quatriéme.


Andrine. Guiot.

Comme le jonc droict et beau
Ploye en l'eau,
Et tourne en son premier estre,
G. hem, hem.
A. La bouche incline à leurs dictz,
Mais tandis
Mon cueur est tousjours le maistre.
G. Mais que vous sert de venir mettre
Le feu en mon cueur langoreux,
Et me contraindre estre amoureux
Si l'oeil à pitié ne s'encline?
A. Que dites vous? G. Que dis je Andrine?
Il n'y ha pire sourd au monde
Que qui le fainct. A. Ains qu'on responde
Il faut bien scavoir qu'on demande,
Car de respondre ains qu'on entende
Ce sont termes de filles folles:
G. A bon entendeur peu parolles.
Je dy que l'amour me surmonte
Et vous n'en faittes point de compte.
Mais fuyez quand je vous appelle.
A. Quand? G. Mesme à cest' heure. A. Quelle?
G. Quand suis venu icy passer.
A. J'ay bien ouy quelqu'un tousser,
G. C'estoit moy. A. Je ne viens point, non,
S'on ne m'appelle par mon nom.
Guiot il faut faire cela
A celles je les laisse là,
Et non à moy. G. Pour Dieu mercy.
Helas le prenez vous ainsi.
A. Je vous pardonne. G. A l'advenir
Autre moyen viendray tenir.
Ma Perle si vous vient à gré,
Tandis que l'herbe de ce pré
Sert de pasture à noz brebis
Entendez s'il vous plait mes dictz.
A. Je le veux bien Guiot, pourveu
Qu'ilz soyent bons. G. Pas ne m'avez veu
Desbordé jamais en propoz:
Pource mettons nous à repoz
Pres ceste haye hors la voye.
A. Mais en lieu que chacun nous voye.
G. Souz cest amandrier, A. je le veux.
G. Divin tronq, ô l'un des neveux
De ceste amante fortunée,
Pour s'estre elle mesme donnée
Ce que je poursuis pour Andrine.
A. Quoy? G. Ce que la vie extermine.
A. Il faudroit dire la raison.
G. Tant m'ennuye ceste prison,
Ou par rigueur mon cueur avez.
A. Guiot, je croy que vous révez,
Que j'ay prison, ou est la porte?
Ou sont les clefz? si je les porte,
Sus prenez les d'autorité,
Et mettez vous en liberté.
Prisons Guiot! Je n'en ay point.
G. C'est Amour qui au cueur me poingt,
Et toujours apres vous me tire
Avec la chayne de martire,
Scait on pire prison que là?
A. Ouy si vray estoit cela
Que vous m'aymez. G. En doutez vous?
Contre moy puissent estre tous
Les hauts cieux, si c'est autrement:
A. C'est la coustume d'un amant
De jurer, et mentir ensemble.
G. M'estimez vous tel? A. Il me semble
Que tous parlez de mesme voix.
G. Mais est ce la premiere fois
Que je vous ay dit ma pensée?
Comme l'amour fut commencée
En ce lieu mesme à mon dommage?
Ce ruisseau en rend tesmoignage
De mes pleurs augmente souvent:
Mes souspirs compaignons du vent
Ont vollé despuis front à front
A Ostre, lequel n'est si prompt
A Porter la pluye en ces lieux.
Qu'ilz sont à l'endroit de mes yeux.
A. Si le train vous est tant amer,
Pourquoy ne laissez vous d'aymer?
Car n'est bon mettre son courage
En lieu dont peut venir dommage.
G. L'espoir seul me rend poursuivant.
A. L'espoir nous trompe bien souvent.
G. Vous y pouvez remedier,
A. Ailleurs faut secours mendier.
G. Pourquoy? A. Je ne veux point aymer.
G. Vous voulez vous faire blasmer,
Andrine dittes autrement.
A. Aymer bien, mais egallement
Un chascun, G. l'incongnu autant que ceux là
Que congnoissez? A. Non pas cela.
A ceux cy j'ay plus d'amitié.
G. Je suis venu à la moitié
De mon desir: et à ceux cy
Portez vous amour tout ainsi,
Fassent plaisir ou desplaisir?
A. Plus à ceux qui me font plaisir.
G. Et qui plus en fait plus l'aymez?
A. Ainsi faut bien que l'estimez,
Si en eux je le puis congnoistre.
G. Sur moy donq en devez plus mettre
Que sur tous vos congneus. A. Pourquoy?
G. Car qui vous cherit plus que moy?
Qui fais pour vous, et plus vous ayme
Que tous voire plus que moy mesme.
A. Vous le dittes. G. Car il est vray.
Et tousjours cest' amour suivray,
Tant qu'au monde seray vivant.
A. Ce ne sont que propoz au vent.
G. Ce que je dy est tout notoire,
A. Toutesfois je ne le puis croire.
G. ô temps pervers, et rigoureux
Qui fais que l'amour langoureux
N'est plus congneu par la parolle,
Par les souspirs, ou par l'eau molle
Des longs pleurs qui furent jadis
Ses messagers, mais à mes dictz
Semble qu'avez l'oreille close.
A. Je ne vous puis dire autre chose
La faute ne vient point du temps.
G. de qui donq. A. des menteurs amants,
Disans qu'amour au cueur les touche:
Mais cela ne passe la bouche.
G. Si mal pour le coulpable en sent
S'en faut il prendr' à l'innocent?
A. Vos amitiez sont d'une sorte.
G. Horsmis que la mienne est plus forte,
Plus loyalle constante et ferme:
Aussi telle que je l'enferme
Dens mon cueur la pouvez congnoistre!
A. A vous tient. G. Je ne la puis mettre
A veuë d'oeil plus que je fais.
Vous en avez veu les effectz
Jusqu'icy: tesmoings les ennuiz
Qui me font aux plus froides nuictz
Vaguer seul en cent mille parts,
Ou entre mes vains pas espars
Je mesle chansons amoureuses,
Et au sort des nuictz malheureuses
Jusqu'icy ay mes jours passez
Avec les autres insensez,
Moins que moy toutesfois aymans,
Moins aussi ayans de tourmens.
Lieu aucun on ne peut trouver,
Ou mon couteau puisse graver
Que vostre pourtraict n'y soit veu,
Et au pied cest eternel voeu
Le cours du monde cessera
Quand Andrine en obly sera:
Aux escorces des plus hautz trembles
Vous en trouverez mill' exemples
Pour peu qu'on suive ces marchetz,
Et plus encor dens les forestz
Ou par tout est le nom d'Andrine:
Encor dites que suis indigne
Que m'aymiez! A. je ne l'ay point dit.
G. Qu'est ce que nier le credit?
A. Quel credit? G. Ou l'amour aspire.
A. Je ne scay que cela veut dire.
G. Mais faites semblant ne l'entendre.
A. Mon esprit ne se peut estendre
Jusques la. G. J'entends un baiser
Pour mon long travail appaiser,
Ou conviendra qu'icy je meure.
A. Ha pour un baiser ne demeure.
G. La vie au corps m'avez enclose.
A. Vous vivez bien de peu de chose.
G. Helas oseray j' advancer
La main: A. C'est à recommencer,
A mon vouloir qu'ailleurs je feusse.
G. Oster vous vouloye une puce,
En devez vous estre faschée?
A. Si vostre main n'eusse arrachée
Encor l'advanciez par delà,
G. Vers voz tetins: A. Apres cela
En autre lieu la voudriez mettre.
Aujourd'huy l'amour est si traistre
Et fait prou qui s'en peut garder.
G. Qui si pres voudroit regarder,
Plaisir seroit de nous chassé
A. Ou est l'amour du temps passé
Nourrie des seules parolles
Sans user de ces mines folles
Du baiser, de l'attouchement:
Ou est ce bon temps que l'amant
S'estimoit adonq tresheureux
D'un oeil gay, d'un rire amoureux
Et lors tous estoyent si contens.
G. Comment parlez vous de ce temps,
Vous qui ne faictes que venir?
A. Plusieurs propos en oy tenir
Aux vieilles la nuict en yver.
G. Les vieilles ne font que réver.
A. Elles parlent comme discrettes:
G. Mais plus tost se voyans distraittes
Des jeunes ans, ausquelz nous sommes,
Tenues en mespris des hommes,
C'est dont parlent comm' ennuyées:
Si de pouvoir sont desnuées,
Encores le vouloir demeure:
Mais qu'arrestez vous à cest' heure?
De mon faict, las je vous supply
Que ne le mettiez en obly,
Et croyez que la grand' langueur
Que la bouche dit, vient du cueur,
Non d'ailleurs, tant abonde en luy.
A. Certes l'amant remply d'ennuy
Sent geller ses mots en la bouche,
Et ceux à qui ce mal ne touche,
Ont le babil ainsi qu'ilz veulent
Se rient se plaignent, se deulent:
Dont semblent (pour le bruit qu'ilz font)
Aux tonneaux lesquelz vuides sont,
Qui mieux resonnent que les pleins,
Ce n'est que faincte que leurs plainctz
G. En faittes vous si peu de compte?
A. Mais quoy Guiot n'avez vous honte
De me fair' accroire cecy?
G. O mort que ne viens tu icy?
Ou que l'amour de mon cueur s'oste.
A. Vous cuidez trouver une sotte.
Adieu: cherchez party ailleurs.
G. Ma part seront souspirs, et pleurs
Avec le nom d'estr' amoureux,
Mais de tous les plus malheureux.
Toutesfois en ma longue attente
Si desir nuict, espoir contente:
Espoir j'entends s'elle ne m'ayde
De chercher la mort pour remede.
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François Bérenger De La Tour d'Albenas En Vivarez (1529?-1559?) Andrine. Guiot.
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