L'oeuvre poétique d'Arthur de Bussières n'a pas paru en volume du
vivant de l'auteur. Il a fallu attendre 1931, pour que, grâce aux soins de
Casimir Hébert, soient réunis ses poèmes, en un recueil intitulé Les
Bengalis. Depuis, on a retrouvé quinze autres poèmes d'Arthur de
Bussières. Le texte des poèmes est reproduit ici à partir de l'ouvrage de
Wilfrid Paquin, Arthur de Bussières, poète et l'École littéraire de
Montréal, publié aux éditions Fidès, en 1986.
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« Arthur de Bussières - ou, comme il signait pour imiter Balzac : de
Bussières - naquit le 21 janvier 1877, à Montréal. Il ne fréquenta jamais
d'autre école que l'école élémentaire. Peintre en bâtiments de son métier,
il se lia de bonne heure avec Nelligan, Charles Gill et autres membres de
la première École littéraire, dont il fit partie aux environs de 1898. Il
figure parmi les collaborateurs des Soirées du Château de Ramezay,
publiées en 1900. Son apparition dans les lettres fut brève, cependant; à
partir de 1900 il fut presque oublié. Il avait lu Leconte de Lisle, Hérédia,
Rollinat, Baudelaire, mais à cette époque il n'y avait pas de
bibliothèques publiques à Montréal, et quant à s'acheter des livres, il
n'en eut jamais les moyens. On affirme que ce marteleur de sonnets
métalliques était incapable d'écrire trois lignes en prose. M. Olivar
Asselin raconte à ce sujet qu'étant directeur du reportage au Journal, en
19005 il fit rechercher, pour lui offrir un emploi, Bussières dont il avait
remarqué le nom dans les Soirées du Château de Ramezay. Après
plusieurs jours de recherches on finit par trouver le poète : il avait repris
le métier de peintre en bâtiments et vivait en bohème, dans une pauvreté
voisine de la misère. Mais le séjour de Bussières au Journal fut
éphémère : malgré son vif désir d'encourager le talent, Asselin ne put
garder un collaborateur qui ne savait pas faire accorder l'adjectif avec le
nom ni le verbe avec le sujet, et qui, chose plus grave, avait en outre la
faiblesse de vouloir imiter Rollinat et Baudelaire... par leurs côtés
faibles.
Bussières avait collaboré au Passe-Temps, à la Revue populaire, aux
Débats, à l'Avenir, dans la note parnassienne et généralement exotique.
Sa mort, survenue en mai 1913, à Montréal, passa inaperçue. Par les
soins de l'intelligent bibliophile Casimir Hébert, sa mémoire,
heureusement, revivra. »
Note dans Anthologie des poètes canadiens,
composée par Jules Fournier, Montréal, 1920.