Autrefois
Vous souvient-il toujours du temps où vous m'aimiez,
Alors que les avrils charmant votre indolence,
Nous allions tous les deux fouler dans le silence
La grève où quelquefois, très lasse, vous dormiez?
Mais vous avez trahi par vos dédains premiers
Mon coeur, autre Jésus percé d'un fer de lance;
Et l'ombre des grands pins vainement se balance,
Car nous ne suivrons plus les chemins coutumiers!
L'autre soir, par les prés aux senteurs estivales
Où je marchais, pensif, au bras de vos rivales,
J'ai retrouvé pourtant un peu des jours passés!
Et mon âme a connu combien l'ivresse est brève
En revoyant mourir au champ des trépassés
La fleur de mon amour et la fleur de mon rêve...