L'éveil de Brahma
Toutes, ayant aux mains l'Amphore toujours lourde
Les Vierges de Missor, puisant au Lac Sacré,
Baignant avec amour, le socle vénéré
De l'Idole béatement muette et sourde.
Près des trépieds d'onyx où flambe la falourde,
Somptueux d'attendre et le geste inspiré,
Vénérable, un brahmane offre au maître adoré
Les fleurs de sa couronne et les vins de sa gourde...
Mais le coeur de Brahma n'a plus l'éveil serein;
Inertement rivé dans sa prison d'airain
Il couve des sanglots plein son rêve débile.
Il sommeille, tranquille en l'ombre, pour jamais,
Et ses jours glorieux se meurent, désormais,
Dans l'éternelle nuit de son être immobile.